Mardi 10 mai 2005 : Médias

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Compte rendu (dans la langue de l'orateur)

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M. Hooghe M. Jespers M. Desmet M. Grevisse M. Carpentier M. Mahoux M. Nimmegeers

M. Edouard Delruelle. – En lisant les comptes rendus des quatre journées organisées autour du thème « Citoyenneté et médias », je me suis dit que nous avions un peu de mal à nous mettre au clair avec une réalité qui est en même temps une exigence de la démocratie : la pluralité comme réalité et le pluralisme comme exigence. Cette double notion de pluralité et de pluralisme a été au cœur de tous les exposés des journées déjà organisées. L’idée sous-jacente est qu’il n’y a pas de citoyenneté authentique sans pluralité active et, réciproquement, le pluralisme ne peut être garanti qu’à travers une citoyenneté active et responsable.

On peut très bien accepter cette hypothèse – à laquelle je souscris tout à fait – mais, à partir de là, je repère deux grands pôles d’inquiétude autour des rapports entre médias, citoyenneté et pluralisme.

Le premier pôle d’inquiétude concerne la manière dont les médias doivent se comporter face à la pluralité politique et culturelle.

Philippe Mahoux y a déjà fait allusion, quelles sont les limites du pluralisme ? Toutes les opinions méritent-elles de circuler dans l’espace public ? Plus précisément, faut-il un cordon sanitaire ? Si oui, quel cordon sanitaire les médias doivent-ils assurer autour des « opinions » d’extrême droite ?

Comment peut-on garantir et promouvoir la diversité et la pluralité, en particulier en matière culturelle ? Ce n’est pas pour rien si l’on a débattu toute une journée de cette question. Le pluralisme culturel – ce qu’on appelle la multiculturalité, l’interculturalité – est effectivement un enjeu majeur pour nos démocraties aujourd’hui.

Le second pôle d’inquiétude concerne la manière dont l’univers médiatique fonctionne.

Les médias eux-mêmes ne sont-ils pas une menace pour le pluralisme dans la mesure où ils nous façonnent un monde uniforme, unidimensionnel, où le divertissement et le simplisme l’emportent sur l’information et sur la complexité du monde ? Si on va un peu plus loin : n’est-ce pas le public le premier responsable de cette situation dans la mesure où c’est lui qui demande du divertissement, du simplisme et du sensationnalisme ? D’où l’intérêt de la formation des jeunes aux médias, de la présence d’un grand nombre d’entre vous et d’une journée consacrée à ce thème.

Je vais essayer de clarifier quelque peu ces enjeux et ces questions, parfois de les dénouer, parfois de les nouer entre elles.

Partons de la notion de pluralité. Je voudrais suggérer que la pluralité est d’abord constitutive de notre manière d’être au monde. C’est une donnée fondamentale de ce que nous sommes, nous êtres humains. Ce n’est pas quelque chose de naturel – au contraire, il n’y a de pluralité authentique que culturelle, construite, historique – mais c’est quelque chose de fondamental si bien que ne pas respecter la pluralité, faire violence à la pluralité, c’est faire violence à quelque chose de très important pour la condition humaine.

Nous allons partir de l’expérience la plus simple, à savoir de notre perception du monde, et je ne parle pas de connaissances scientifiques, philosophiques ou théoriques. Comment perçoit-on une chose ? L’objet que je perçois d’un certain point de vue, par exemple, de la tribune, est le même que celui que je perçois d’un autre point de vue. Il est aussi le même que celui que vous percevez de votre point de vue. Ce qui fait sa réalité, c’est que je sais que je peux l’apercevoir en me mettant à votre place. Plus je vais multiplier les points de vue sur un objet, sur une réalité, plus la perception que j’en aurai sera juste et riche. Pour moi, ce qui atteste la réalité perçue d’un objet, c’est la pluralité des points de vue que je peux prendre sur lui. Notre monde vécu est un monde commun, un monde nécessairement pluriel.

Si la démocratie est un régime politique particulier, dotée d’une valeur particulière et méritant une défense particulière, c’est parce que la démocratie est fondée sur cette expérience tout à fait simple de la pluralité des points de vue. La démocratie érige en valeur ce qui est une structure élémentaire de notre vie, la nécessité d’élargir notre perspective propre à celle d’autrui, notre point de vue à celui d’autrui et donc, la nécessité d’échanger les points de vue, de nous mettre à la place de l’autre.

Je voudrais me référer à un philosophe, Emmanuel Kant, le grand philosophe des Lumières. Nous sommes à la fin du 18ème siècle et il est un contemporain de la Révolution française. Kant a fait de cette maxime « Penser en se mettant à la place de tout autre » le principe de ce qu’il appelle la pensée ou la mentalité élargie. Il en a fait le principe de toute une philosophie, de la culture et de la politique, un principe du vivre ensemble.

Pour lui, ce principe « Penser en se mettant à la place de tout autre » est le seul qui permette de rendre compte de domaines très importants pour les médias et pour les citoyens, à savoir l’esthétique et la politique. Face à une œuvre d’art ou à un événement politique – et pour Kant, l’événement politique majeur, c’est la Révolution française – on ne peut être dans l’objectivité. Il n’y a pas de critères scientifiques, objectifs pour définir ce qui est beau en art ou ce qui est légitime en politique, sinon il n’y aurait pas de parlement ou alors il serait uniquement constitué de savants, ce qui n’est pas le cas, même si certains savants peuvent être parlementaires. On n’est pas dans l’objectivité pure, mais on ne peut pas non plus être dans la pure subjectivité, qui s’exprime à travers des sentiments purement personnels. On ne peut dire, face à une œuvre d’art ou à un événement politique, « à chacun ses goûts », « les goûts et les couleurs ne se discutent pas ». Si on le disait, Star Academy vaudrait Mozart ou Philippe Dewinter, Guy Verhofstadt. Il n’y a alors plus de goût possible, plus de jugement. C’est pourquoi entre la subjectivité et l’objectivité, pour s’orienter dans la culture et dans la politique, on peut compter sur l’intersubjectivité dont le critère est la communicabilité. Puis-je communiquer mon point de vue à autrui ?

Je vais, moi-même, faire adopter un point de vue en me mettant à la place de l’autre. Puis-je me mettre à la place de l’autre ? L’autre peut-il se mettre à ma place ?

Kant disait : « Face à la révolution française, je suis enthousiaste. Puis-je faire partager mon enthousiasme ? Est-il communicable ? Oui, visiblement, cet enthousiasme se communique partout en Europe ». Vous voyez que c’est la l’intersubjectivité, la communicabilité, qui va faire la valeur du jugement que l’on porte. C’est ce que Kant appelle le sens commun. Ce n’est ni de l’objectivité, ni de la pure subjectivité. C’est la capacité d’aller à la rencontre de l’autre, de partager avec lui des sentiments, des opinions et des jugements. C’est parce qu’il y a un sens commun entre vous et moi, entre nous, que nous pouvons nous compter comme membres d’une même culture. C’est parce qu’il y a un tel sens commun que nous sommes capables de ressentir les mêmes choses, de nous émouvoir en écoutant le même morceau de musique, en regardant le même film. C’est aussi grâce à cela que nous pouvons être membres d’une même communauté politique. En dépit de nos divergences éventuelles, nous sommes capables d’avoir des objectifs et des projets communs.

Pour mettre ce principe en œuvre, il faut trois conditions.

Tout d’abord, il faut que la différence des points de vue soit respectée. Les points de vue doivent être considérés comme étant égaux, il doit y avoir égalité des points de vue en droit. Dans une société aristocratique, hiérarchisée, le paysan ne peut se mettre à la place du noble ; le serviteur ne peut se mettre à la place du maître ; l’étranger ne peut se mettre à la place de l’autochtone ; la femme ne peut se mettre à la place de l’homme. L’égalité est la condition sine qua non de la pluralité. Sans la réciprocité des points de vue, sans la possibilité d’échanger des points de vue, – nous ne pouvons les échanger que s’ils sont égaux – l’égalité est impossible.

Ensuite, chacun doit avoir le droit de changer de place, le droit de changer de fonction, le droit de changer de métier, le droit de changer de pays, le droit de changer de religion. Cela implique la liberté de circulation, la liberté de pensée, la liberté d’association, la liberté de commerce, etc.

Enfin, chacun doit accepter de se déplacer, de se mettre à la place de l’autre, c’est-à-dire de se laisser transformer, de se laisser affecter par l’autre. C’est beaucoup plus que la simple tolérance. La tolérance est un principe de non agression, somme toute négatif. Chacun reste sur ses positions, sans embêter l’autre. Mais, si je campe sur mes positions, si je me cramponne à mon identité, il n’y a pas véritablement de sens commun possible. Cette ouverture à l’autre, je l’appelle la fraternité.

Egalité, liberté, fraternité, telles sont les conditions du pluralisme dans une démocratie.

Faisons un pas de plus. Il ne faut pas confondre pluralité et consensus. Au contraire. Le pluralisme a besoin du conflit, de la division. Il y a conflit chaque fois que certains d’entre nous estiment qu’ils ne sont pas respectés pour ce qu’ils sont.

Ils considèrent, en d’autres termes, que nous ne nous mettons pas suffisamment à leur place, ce qui les met en situation de conflit. Ou bien nous leur interdisons de bouger, d’évoluer. Nous refusons de prendre le risque d’échanger notre place avec eux ; nous refusons qu’ils viennent prendre la nôtre. Le conflit constitue la dynamique de la démocratie, car il relance l’exigence de se mettre à la place de l’autre.

La démocratie – cela peut paraître paradoxal – est un type de société où la division est constitutive de ce qui nous est commun. C’est le conflit qui relance le sens commun. L’espace démocratique est un espace de débat, de contestation, d’opposition, non seulement dans le domaine politique, mais dans tous les registres de la vie sociale : les entreprises, les écoles, les familles, les quartiers, etc.

Cette optique permet de jeter un regard relativement simple sur les idéologies totalitaires et extrémistes qui – j’en suis persuadé – relèvent de la même logique. Non seulement elles ne respectent pas la pluralité, mais elles la détruisent. Par principe, les partisans de ces idéologies refusent de se mettre à la place de l’autre. Non seulement le Nazi refuse de se mettre à la place du Juif, mais il veut détruire celle-ci. Le stalinien refuse de se mettre à la place du bourgeois, comme le Vlaams Belang ou le Front National refusent de se mettre à la place de l’immigré, etc. Le principe même de la réciprocité des points de vue est donc rejeté. Par conséquent, l’extrémiste finit toujours, en définitive, par vouloir supprimer la place même de l’autre.

Nous assistons donc à une réduction tendancielle de la pluralité des points de vue à une perspective unique. Selon cette logique, un seul point de vue sur le monde est finalement légitime : celui du peuple, de la nation, du parti, voire du chef.

Cette négation de la pluralité est une négation du réel lui-même. À la place du monde réel, toujours complexe, multiple, mélangé, les idéologies totalitaires et extrémistes fantasment un monde irréel : une Europe sans Juifs, une Belgique sans immigrés, une France sans Arabes, etc., c’est-à-dire un monde sans divisions et sans conflits, plus exactement un monde où la division est déplacée. La division interne, les conflits entre nous disparaissent et sont remplacés par les conflits entre nous et eux : les Juifs, les Arabes, les immigrés, les homosexuels, etc. Discriminer, expulser, exclure sont autant d’actes constitutifs de l’idéologie de l’extrême droite, de même que le fait de nier la réalité. Il existe de multiples manières de nier le réel : simplifier, amalgamer, calomnier... Comme l’a dit, à juste titre, un journaliste lors d’une séance de travail, le premier moyen de lutter contre l’extrême droite consiste tout simplement à rappeler les faits, à être au service du réel, à dire la réalité dans sa complexité.

Il est possible, à partir de là, de déterminer l’attitude à adopter vis-à-vis des phénomènes extrémistes. Mon raisonnement est basé sur deux éléments essentiels. Tout d’abord, le point de vue de l’extrême droite n’en constitue pas un à proprement parler, puisqu’il entraîne l’exclusion des autres points de vue. L’antisémitisme, la xénophobie, l’extrémisme ne peuvent donc pas se revendiquer de la logique démocratique – il est très important d’expliquer cela aux jeunes et d’en discuter avec eux – puisqu’ils récusent les conditions même de la démocratie.

C’est bien là que réside la difficulté. L’extrême droite se veut un point de vue comme les autres, alors que son but est d’éliminer, à terme, d’une manière ou d’une autre, parfois sous forme d’euphémisme, tout autre point de vue.

Il y donc, indiscutablement, une limite au pluralisme démocratique, au nom du pluralisme démocratique lui-même. On peut avoir le débat le plus ouvert sur ce qui est légitime et illégitime, mais les conditions qui rendent le débat possible doivent être protégées. Il n’y a pas de contradiction à soutenir que la démocratie doit refuser les «opinions» qui excluent la pluralité des opinions. Il n’y a pas de contradiction à ce que la démocratie se préserve des points de vue qui veulent éliminer les autres points de vue.

Je signale d’ailleurs que l’article 17 de la Convention européenne des droits de l’homme stipule que «Nul ne peut se prévaloir des libertés énoncées par cette convention pour préconiser un régime qui détruirait ces mêmes libertés.»

Après ce premier élément qui peut nous guider, j’en aborderai un autre qui pourrait sembler plus étonnant et qui est davantage encore ouvert à la discussion.

À mon avis, la fidélité à l’exigence démocratique recommande aussi de se mettre à la place de ceux qui votent pour l’extrême droite parce qu’ils souffrent du chômage, de l’exclusion, de l’insécurité, à la place de ceux qui ont le sentiment, à tort ou à raison, de ne pas être entendus. Pour moi, il n’est pas du tout contradictoire de refuser toute légitimité aux partis d’extrême droite et, en même temps, d’essayer de comprendre l’électeur du Vlaams Blok ou du Front National, quand il est victime autant que complice – et même plus que complice – de leur politique.

Toutefois, ce n’est pas le cas de tous les électeurs du Vlaams Block ou du Front National. Ces partis recrutent aussi leur électorat dans les beaux quartiers, chez des personnes qui n’ont pas spécialement de problèmes de souffrance, de chômage ou d’exclusion.

Penser en se mettant à la place de tout autre peut permettre de définir des guidelines ; à vous de déterminer, par la discussion, ce qui peut être fait concrètement.

De ce point de vue, je relèverai une double exigence à l’égard de la presse. La première est un peu négative : ne jamais traiter le point de vue de l’extrême droite comme un point de vue comme les autres. C’est ce qui ressortait de la plupart des interventions des journalistes, lors des rencontres. La seconde est plus positive : rendre compte de la réalité dans sa complexité, ce qui suppose de relater la pluralité des points de vue, de faire de la pluralité un principe actif et vivant.

Avant d’en venir aux dangers que les médias eux-mêmes font peser sur la pluralité, je voudrais dire un mot du pluralisme culturel.

J’ai beaucoup traité de cette question, depuis un an, comme rapporteur du rapport final de la commission du dialogue interculturel qui vient d’être publié. Il a été remis au ministre Dupont et au Prince Philippe, voici une semaine. Cette commission, coprésidée par Roger Lallemand et Annemie Neyts, s’interrogeait sur les façons d’améliorer le dialogue interculturel en Belgique.

Je voudrais démontrer brièvement la particularité de la question du pluralisme culturel. Notre pays, à travers son histoire faite de nombreuses crises et tensions – nous en vivons encore une actuellement – a assuré la promotion de trois pluralismes, avec un certain succès.

D’abord le pluralisme politique et syndical qui a permis l’émancipation de la classe ouvrière, des salariés, la construction d’un équilibre social fondé sur la concertation. Ensuite, un pluralisme philosophique – même si on y fait à peu près tout sauf de la philosophie – qui a permis progressivement la reconnaissance officielle de diverses formes de spiritualité, non seulement des religions – églises catholique, réformée, orthodoxe, israélite, musulmane, anglicane – mais aussi de la laïcité.

La troisième forme de pluralisme est le pluralisme communautaire issu du mouvement flamand puis du mouvement wallon, lesquels ont donné naissance à l’État fédéral dans lequel nous vivons aujourd’hui. D’aucuns jugeront notre système imparfait et d’autres, au contraire, penseront qu’il fonctionne bien.

Toujours est-il que la Belgique est aujourd’hui confrontée à un nouveau défi : réaliser une quatrième forme de pluralisme, un pluralisme culturel. Il s’agit de transformer en pluralité active et reconnue ce qui est la réalité de notre Belgique, la diversité culturelle. Celle-ci est issue des courants d’immigration mais pas seulement. Il s’agit donc d’inventer un cadre institutionnel, d’instaurer un climat social permettant à tous d’être reconnus et de vivre dans ce pluralisme et cette pluralité.

Le pluralisme culturel pose toutefois des difficultés particulières sur lesquelles je voudrais attirer l’attention. La culture est en effet un phénomène complexe, indéterminé, sans contours fixes. Le pluralisme syndical, au contraire, qui distingue clairement les catégories des salariés, employés, ouvriers, est relativement facilement identifiable puisqu’il est représenté par des organisations. Il en va de même du pluralisme philosophique. Les identités religieuses sont définies par des Églises ou des institutions y assimilées constitutionnellement, comme le Centre d’action laïque. Ces identités sont en outre exclusives : on ne peut être à la fois chrétien et musulman, on ne peut être à la fois athée et chrétien. La seule exception est que l’on peut être athée et juif car le judaïsme est une religion très particulière. Le pluralisme linguistique et communautaire est, lui aussi, clairement identifiable, les critères d’appartenance étant la langue ou le territoire, même si les applications sont très compliquées.

Une culture, en revanche, ne peut se fonder sur ces critères précis. Premièrement, une culture ne se réduit jamais à un seul élément. Elle est toujours la combinaison de plusieurs éléments : une langue, un territoire, un paysage, des monuments, une religion, une histoire, des idéologies parfois, des coutumes, du droit, un art, un certain type de savoir, etc. Il faut en tout cas éviter de réduire le culturel au religieux. Il faut par exemple éviter la confusion entre la culture arabe et la religion musulmane. Il existe certes des liens entre les deux mais tous les Arabes ne sont pas musulmans, certains sont chrétiens, juifs ou athées ; l’immense majorité des musulmans ne sont en outre pas arabes. De même, il ne faut pas confondre la culture européenne et la religion chrétienne : certains Européens ne sont pas chrétiens et une foule de chrétiens ne sont pas européens. Dans la foulée, il ne faut pas réduire la question religieuse à la question de l’islam et la question de l’islam à la question du foulard. C’est ce genre de simplifications que l’on voit hélas souvent dans la presse.

Par ailleurs, il n’y a pas de frontières précises séparant les cultures, comme c’est le cas des religions ou des nations. Les identités culturelles ne sont fixées par aucune autorité, contrairement aux identités religieuses ou aux identités nationales. Toutes les combinaisons et tous les mélanges sont donc possibles, selon l’histoire propre à chaque individu. Pour montrer le caractère extrêmement mouvant de la culture, ajoutons encore qu’une culture peut se diversifier, se « pluraliser » de l’intérieur.

Par exemple, l’athéisme européen est né au départ d’une culture tout à fait chrétienne. L’Europe chrétienne a donné naissance de l’intérieur à une tradition assez riche agnostique et athée.

Le métissage et la diversité sont consubstantielles au phénomène culturel. Le philosophe français, Jacques Derrida, disparu cette année, a dit cette très belle phrase : « le propre d’une culture, c’est de ne pas être identique à elle-même ». Ce paradoxe fécond rejoint tout à fait l’idée de penser en se mettant à la place de tout autre. On reste soi-même tout en se transformant et l’identité se renforce même par la différence. Il n’y a aucune contradiction entre l’identité et l’expérience de la différence et du mélange.

Il faut promouvoir pour chacun le droit de pouvoir choisir son identité, de pouvoir la transmettre, mais aussi de pouvoir s’en distancier, de prendre certains éléments d’une culture et de les mélanger avec d’autres, de sortir de sa religion ou de sa culture, d’en embrasser une autre… Bref, ici tout est possible et à nouveau, le principe de la mentalité élargie se vérifie, peut-être plus encore qu’ailleurs.

Je ne traite pas ici des limites du pluralisme culturel qui est une vraie question. Pour moi, une pratique, une idée ne devient pas respectable du seul fait qu’elle est inhérente à un groupe donné. Le racisme, l’homophobie, le mariage forcé, les mutilations sexuelles ou encore le « créationisme » en biologie ne relèvent pas de la diversité culturelle. Il n’est même pas sûr que cela relève de la culture. Souvent, ce sont des pratiques ou des croyances qui relèvent plus de rapports de domination, à un moment donné, dans des groupes, que de culture proprement dite. N’imputons pas trop facilement les effets de rapports de domination à la tradition culturelle, à l’héritage culturel.

J’en viens, pour conclure, au dernier volet de mon intervention qui est relatif à la manière dont fonctionne le processus médiatique. La question est la suivante : même si les journalistes ont une haute conscience citoyenne et démocratique, ce qui, je le dis tout à fait sincèrement, est vrai dans l’immense majorité des cas, la logique médiatique ne fabrique-t-elle pas d’elle-même de l’uniformité, ne fabrique-t-elle pas d’elle-même de la pensée unique ? Les médias ne sécrètent-ils pas d’eux-mêmes une forme de totalitarisme soft et lisse, par contraste avec le totalitarisme hard qui caractérise les partis d’extrême droite ? Pourquoi ? D’abord à cause de la concentration des groupes de presse, de la concentration des actionnaires de presse et de la possible pression de l’actionnariat. À un deuxième niveau, à cause de la pression économique de l’audimat, des chiffres de ventes, qui influence directement la ligne éditoriale. D’où l’entrée dans une logique de divertissement, de marketing, en réduisant l’expérience politique et esthétique à une sorte de conditionnement publicitaire.

Le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur n’est-il pas traité en consommateur plutôt qu’en citoyen ? La cible des médias n’est pas tellement les citoyens mais les consommateurs. Finalement, cela réduit nos affects, que nous soyons téléspectateur ou lecteur, à des affects qui sont très peu politiques mais tout à fait immédiats : la peur face à des faits divers et des informations chocs, qui va provoquer le repli sécuritaire, et la pitié qui va susciter l’émotion humanitaire, les deux étant peut-être complices ; on nous propose ainsi un univers où la parole, le projet et l’attente politiques n’ont plus beaucoup de place.

Tout est écrasé par la peur et la pitié. L’humanitaire et le sécuritaire sont d’ailleurs facilement interchangeables. Nous fondons de compassion pour les victimes des catastrophes naturelles ou de la famine, mais nous nous effrayons de la perméabilité de nos frontières avec l’Afrique du Nord ou les pays de l’Est. Le sentiment humanitaire n’est pas très éloigné du sentiment sécuritaire.

On peut dès lors s’interroger sur la complicité involontaire existant entre le discours politique extrémiste et un certain conformisme médiatique. Ce monde est tellement réduit à des affects premiers que l’extrême droite peut s’en saisir beaucoup plus facilement.

Il faut revenir sur le constat présenté lors d’une table ronde, qui est à mon sens très intéressant : les citoyens qui votent le plus volontiers pour l’extrême droite sont en même temps ceux qui sont le plus isolés du point de vue social, professionnel, ceux dont les réseaux d’engagement, de sociabilité, parfois tout simplement de voisinage sont les plus faibles, c’est-à-dire ceux pour qui bien souvent la seule ouverture sur le monde extérieur est la fenêtre télévisuelle.

Ne faudrait-il pas s’interroger sur ce lien entre le sentiment d’isolement, notamment produit par la télévision, et des réactions comme la peur, le repli sécuritaire et donc le vote d’extrême droite ? Dans ce monde anesthésié, désolé, nous aurions un mélange quelque peu détonant.

Des étudiants de l’enseignement secondaire et supérieur étant présents, je ferai référence à la session « Formation aux médias » qui a été organisée au vu des difficultés rencontrées par les professeurs et les jeunes dans ce domaine.

Je veux essayer de montrer aux jeunes que le monde construit par certains médias est un univers simplifié, lisse, stéréotypé. Il faut parfois les aider à déconstruire, à décrypter ce monde médiatique.

Il y a, à mon sens, deux stratégies pour aider les futurs citoyens à adopter une attitude distanciée et critique par rapport aux médias. La première est celle qui a été suivie ici, à savoir aider les jeunes à décrypter une information télévisuelle, à lire un journal de presse écrite, par exemple, pour montrer qu’il y a autre chose que la télévision.

La deuxième stratégie est indirecte, mais elle est beaucoup plus efficace. Elle consiste à donner aux futurs citoyens des outils culturels autres que médiatiques : la littérature, la science, l’histoire, l’art, bref ce que l’on appelle la culture générale. Je suis effrayé de constater que, dans certains secteurs de l’enseignement technique et professionnel, les professeurs – la faute ne leur est pas imputable, mais relève du système – ont tout simplement renoncé à enseigner les disciplines que je viens de citer. Or, renoncer à donner aux jeunes un minimum de bagage culturel, c’est renoncer à en faire des citoyens.

J’aimerais conclure par une note d’espoir. Elle sera quelque peu paradoxale car elle se base sur une déclaration qui apparaît tout à fait cynique et dans l’air du temps. Il s’agit d’un propos de Patrick Le Lay, président de la chaîne TF1, rapporté par le journal Le Monde en juillet 2004.

Voici ce qu’il dit :

« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective de business, soyons réalistes : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c’est-à-dire de le divertir, de le détendre, pour le préparer entre deux messages publicitaires. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »

Voilà qui résonne comme une fin de non-recevoir à toute idée que la démocratie, c’est « penser en se mettant à la place de tout autre ». Sous régime de dictature publicitaire, nous sommes disponibles non pas l’un pour l’autre mais pour le message de Coca- Cola ; notre perception du monde se réduit à celle du produit qu’il s’agit de faire vendre.

En conclusion de son propos, Patrick Le Lay a cependant ajouté une phrase, rarement relevée par tous ceux qui, depuis un an, ont pris l’habitude de se scandaliser de cette citation : « Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité », c’est-à-dire que rien n’est plus difficile que d’obtenir du temps de cerveau humain disponible.

C’est une note d’espoir car cela signifie que le cerveau humain résiste, que l’être humain reste préoccupé par le monde qui l’entoure, qu’il continue malgré tout de s’intéresser aux autres et d’essayer de se mettre à leur place.

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De heer M. Hooghe. – Ik zal het hardnekkige vooroordeel dat sociologen hun betoog altijd met grafieken en tabellen ondersteunen, bevestigen.

Ik wil me ook verontschuldigen. Officieel heb ik het over de media in het algemeen. In werkelijkheid zal mijn verhaal vooral over televisie gaan. Heel veel onderzoek dat zich op het snijvlak van sociologie en communicatiewetenschappen bevindt, gaat immers vooral over televisie. Over kranten gebeurt er natuurlijk ook wel onderzoek, maar veel minder over de effecten daarvan. Als dat gebeurt, merken we dat kranten niet zo’n grote impact hebben. We denken vaak dat de berichtgeving en de hoofdartikels de publieke opinie sturen. In werkelijkheid blijft dat vrij beperkt. Met televisie daarentegen zien we veel grotere effecten. De bezorgdheid over de invloed van de media op wat mensen politiek en sociaal denken, is vooral een bezorgdheid over de impact van televisie.

Het onderzoek dat ik zal overlopen, begint vanuit een heel eenvoudige vaststelling: op 20-30 jaar tijd is onze samenleving fundamenteel veranderd doordat het televisietoestel zo snel kon worden geïntroduceerd. Voor de auto en de telefoon heeft het ongeveer een halve eeuw geduurd voordat ze algemeen verspreid waren. Televisie daarentegen doet er net 20 jaar over: tussen 1950 en 1970 gaat de verkoop van televisietoestellen in de Verenigde Staten, en iets later ook bij ons, van 0 naar 100 procent. In twee decennia verandert ons hele vrijetijdspatroon, onze kijk op de wereld, grondig. Tegelijk stelt men vast dat men iets wantrouwiger wordt ten opzichte van de samenleving in het algemeen.

Publieke-opinieonderzoek in de VS dat teruggaat tot de jaren 40 en waarbij telkens opnieuw dezelfde vragen worden gesteld: "Denkt u dat de samenleving te vertrouwen is? Hebt u vertrouwen in de toekomst? Hebt u vertrouwen in het politieke systeem, in de politici?", geeft aan dat het vertrouwen in de periode 1950-1970 in dalende lijn gaat en zich nooit meer herstelt. We stellen dus een gelijktijdigheid vast. Naarmate de televisie meer doordringt in de huiskamers groeit het wantrouwen en isolement, laten mensen zich cynischer en kritischer uit over het politieke systeem.

We beschikken echter ook over fijnmaziger onderzoek. In de VS bijvoorbeeld zijn de vijftig deelstaten niet allemaal even snel naar televisie overgeschakeld. In de staten waar televisie langzamer doordrong, is het klimaat van wantrouwen even langzaam gegroeid. Een aantal studies handelt over meer geïsoleerde gebieden in het noorden van Canada waar televisie pas veel later doordrong. Vastgesteld wordt dat het wantrouwen daar veel later komt. Die geïsoleerde gemeenschappen hadden aanvankelijk ook maar één televisiestation, de nationale Canadese zender CBC. We merken een additioneel effect als er via satellietzenders meer kanalen ter beschikking zijn. Het gaat dus om meer dan een toevallige samenloop: we hebben het idee dat er een causaal verband bestaat tussen de introductie van televisie en een toegenomen wantrouwen.

Binnen de communicatiewetenschappen en de sociologie is het debat hierover al decennialang aan de gang. Volgens de ene stroming is er sprake van een mediareflecterende werkelijkheid: de mensen zouden sowieso wantrouwiger zijn geworden omdat de politiek veranderd is en meer op macht is gebaseerd. De media leggen alleen vast wat mensen denken. De mediamakers gaan nog een stap verder: de mensen kiezen uiteindelijk zelf; als zij een bepaalde visie willen horen, bieden we die aan.

Een tweede stroming gaat er meer van uit dat de media het venster zijn waarlangs we naar de wereld kijken en dat ons wereldbeeld daardoor wordt gestuurd. Zoals jongeren, die van hun zesde tot hun achttiende in het onderwijs doorbrengen, daardoor gesocialiseerd worden, gaan mensen die twintig uur per week naar televisie kijken ook op een bepaalde manier naar de wereld kijken. Een tegenargument voor het pure reflectieargument is dat er een aantal indicatoren zijn in de Verenigde Staten, maar ook in Europa, over de kwaliteit van het politiek bedrijf. Men zou er kunnen van uitgaan dat mensen wantrouwiger worden ten aanzien van de politiek naarmate de politiek zelf corrupter wordt, ik verwijs bijvoorbeeld naar Watergate of andere schandalen waarin presidenten betrokken waren of naar een aantal schandalen in België. In werkelijkheid werkt het niet zo. Voor zover we enige informatie hebben over corruptie in de politiek, zie je juist dat die systematisch daalt. Dat geldt ook voor partijgebonden vooringenomenheid. De dialoog tussen de partijen verbetert. Het meer cynische of wantrouwige klimaat ten opzichte van het politieke systeem heeft dus niets te maken met een kwaliteitsverlies van het politiek systeem.

Ik wil nu de trends in mediagebruik overlopen, vervolgens de inhoud van het mediabedrijf bekijken en zien wat de effecten daarvan zijn op burgerschapswaarden en -attitudes en op onze kijk naar de werkelijkheid.

Wat zijn de trends in mediagebruik? Een eerste vaststelling is dat we steeds meer naar televisie kijken. Het gemiddelde voor België ligt nu al op 20 uur per week. Dat is gigantisch veel want over de totale levensloop bekeken is tv-kijken de activiteit die we het meest doen in wakende toestand. Het neemt meer tijd in beslag dan betaald werk, dat enkel gedurende de periode van 20 tot 65 jaar gebeurt, terwijl tv-kijken al vanaf 3 jaar begint tot 75 jaar. Het neemt nog toe naarmate er meer kanalen of een meer interactief aanbod beschikbaar worden. Een paar jaar geleden geloofden we nog in Europa dat we de Amerikanen die gemiddeld 30 uur per week tv-kijken, niet zouden volgen. Nu zien we dat we de achterstand wel inhalen en dat we naar eenzelfde niveau gaan.

Een tweede element is dat er een versnippering is van het tv-kijken. Het aanbod wordt meer gefragmenteerd. Een tijdje geleden werd 50 jaar televisie gevierd. Veel van de programma’s uit de beginperiode hebben een enorme impact gehad en behoren tot ons collectief geheugen, zeker de jeugdseries waarmee we zijn opgegroeid. Dat komt omdat iedereen naar hetzelfde soort programma keek, want het aanbod was beperkt tot BRT of RTBf en de Franse of de Nederlandse zenders voor wie dicht bij het grensgebied woonde. Televisie had daardoor een gemeenschapsvormende functie. Het feit dat iedereen naar hetzelfde had gekeken, was een element van cohesie.

Door het grotere aanbod, dat met technische ontwikkelingen als digitale televisie nog sterker zal uitbreiden, is die gemeenschapsvormende functie verdwenen. Men weet niet meer naar welk programma de buren of de collega’s de avond voordien hebben gekeken waardoor ook het gespreksonderwerp wegvalt.

Ook in het gedrag van de kijker stellen we een versnippering vast. In heel wat gezinnen is er meer dan een tv-toestel. Het sociale gebeuren van een gezin dat samen naar één programma kijkt, is grotendeels verdwenen. Elk lid van het gezin kijkt naar een eigen zender. Een van de vroegere doelstellingen van het NIR, de gemeenschapsvorming, behoort nu tot het verleden.

Een heel specifiek aspect van die evolutie is het transnationaal burgerschap. Dat hangt nauw samen met multiculturaliteit. Door televisie wordt het makkelijker om tegelijkertijd in twee samenlevingen te leven. Zo kan iemand ’s avonds meer naar Turkse televisiezenders kijken dan naar Belgische. Hierdoor worden we steeds verder verwijderd van de melting pot, de integratie die zo typerend was voor de Verenigde Staten van de 19de eeuw. Duitse, Poolse, Scandinavische en Italiaanse immigranten konden zich geleidelijk en met behoud van hun eigenheid en tradities in de Amerikaanse samenleving integreren.

De vraag is waarom dat nu moeizamer verloopt of zelfs niet langer mogelijk is. Er bestaat steeds meer de neiging om de eigen identiteit te benadrukken. Een ander verschil bestaat erin dat het transnationaal burgerschap nu technisch mogelijk is. Een Siciliaan die in de 19de eeuw naar de Verenigde Staten emigreerde, had geen andere keuze dan zijn wortels drastisch door te hakken. Af en toe kon hij nog eens teruggaan naar zijn vaderland en natuurlijk kon ook familie overkomen, maar eigenlijk was hij aangewezen op de Amerikaanse samenleving. Door technologische ontwikkelingen als goedkoper transport en sateliettelevisie is vandaag een soort transnationaal burgerschap mogelijk geworden, waarbij men het vroegere burgerschap voor een deel kan meenemen.

Een derde aspect met betrekking tot het gebruik van media is de trend tot ontlezing. Dat is een heel cohortengebonden trend. Er worden minder boeken gelezen en de oplagen van kranten dalen, maar dat gebeurt niet van de ene dag op de andere. Wie een krantenabonnement heeft, zal niet van de ene dag op de andere stoppen met het lezen van de krant. Oudere mensen zullen hun gewoonten voortzetten, maar jongere generaties zullen die gewoonten nooit oppikken. Geleidelijk verdwijnen patronen als het lezen van een krant bij het ontbijt.

Ik ben dan ook niet zo optimistisch over de toekomst van de krantenbedrijven. Men merkt ook dat ze hun productaanbod diversifiëren. Zeker voor grotere krantengroepen als de New York Times en Le Monde is het internetabonnement een even belangrijk product als de papieren krant.

Hoewel het nog moeilijk is de mensen ervan te overtuigen dat ze moeten betalen voor informatie op het internet, ontstaat een mix van interactieve televisie, internet én een gedrukte versie. Voor kleinere taalgebieden wordt dat moeilijker. Ongetwijfeld zijn voldoende mensen bereid te betalen voor toegang tot The New York Times, maar ik weet niet of de Nederlandstalige uitgeversgroepen een soortgelijke commerciële strategie kunnen ontwikkelen.

Een trend die hierop inspeelt zijn de gratis kranten, die meestal ’s morgens via het openbaar vervoer worden verspreid. Vooral bij jongerencohortes verdwijnt zo het idee dat er moet worden betaald voor een gedrukte versie. Krantengroepen proberen hierop in te spelen door een dergelijk format aan te bieden in betalende vorm, maar het is de vraag of dit commercieel leefbaar is.

Samengevat komt het er dus op neer dat het ontlezen progressief verder gaat naarmate cohortes zich afwisselen.

Met betrekking tot de mediainhoud begin ik allereerst met het goede nieuws.

We klagen vaak over kranten – dat ze oppervlakkiger worden en in een kleiner formaat worden aangeboden met grotere foto’s – maar het beschikbare onderzoek wijst niet op een daling van de inhoud van de kranten. Wel wordt een grotere differentiëring vastgesteld. Kranten settelen zich meer in een bepaalde niche om een bepaald publiek te bereiken, waarop ze zich dan volledig positioneren.

Dit is niet meer dan de gewone marktlogica. Dat gebeurde vroeger ook, al was dat eerder op ideologische grond. Toen las men een bepaalde krant, afhankelijk van zijn ideologie. Nu kiest men nog steeds voor een welbepaalde krant, maar eerder voor de inhoud, de kwaliteit of het soort nieuws dat men wil vergaren. Om deze reden kunnen kranten zich meer positioneren. Dit houdt in dat titels die vroeger uit ideologische overwegingen een product aanboden, zoals deze van de christelijke arbeidersbeweging, een ander soort logica moeten volgen en hun vroeger inhoudsgehalte verliezen.

Samengevat komt het erop neer dat de verpulping van de kranten niet bestaat. Daar bestaat alleszins geen indicatie voor.

Met betrekking tot de televisie daarentegen merken we in longitudinaal onderzoek wel degelijk een trend naar meer oppervlakkige en kortere informatie, met andere woorden, naar minder informatie. Het format is meer divers of het aanbod van nieuwsformats is diverser, maar wat de mensen van de informatie oppikken, vermindert alsmaar.

Een van de mogelijke indicatoren is de soundbite , die gemakkelijk meetbaar is. Hoelang krijgt een politicus in het nieuws gemiddeld nog het woord? Hiervoor wordt steevast naar Amerikaans onderzoek verwezen, dat tamelijk spectaculair is. Bij de verkiezingscampagne van 1964 zag men nog lange interviews, waarbij de gemiddelde quote van een politicus ongeveer 35 seconden bedroeg, wat ons nu een eeuwigheid lijkt. Alleen bij heel belangrijke gebeurtenissen of voor een toelichting bij een complexe situatie, zoals de kiesarrondissementen, mag een politicus nog zo lang aan het woord blijven. Bij de vorige Amerikaanse verkiezingscampagne was de quote gedaald tot 8 seconden: kort en krachtig, niet meer dan dat.

Gemakshalve dacht men dat de toestand in de rest van de wereld wel gelijkaardig zou zijn, maar daarover waren geen gegevens. Uit een recent onderzoek van Peter Van Aelst en Knut Deswert van de Universiteit Antwerpen blijkt dat de gemiddelde quote in België iets langer is: 12 seconden. Zover we weten, is die tendens ook dalend, maar we kunnen die gegevens niet projecteren naar het verleden. Daarvoor zouden we onderzoek moeten doen naar de jaren 1960 en 1970. Aan de hand van archiefuitzendingen op televisie hebben we de indruk dat politici vroeger erg lang mochten spreken, maar eigenlijk doet zich hetzelfde fenomeen voor.

Dat is opnieuw relevant omdat het een tegenargument is voor het optimisme van enkele jaren geleden, dat wij in Europa de Amerikaanse manier van televisie maken niet zouden volgen. In vele gevallen volgen wij die trend dus wel, zij het met enige vertraging. Het inhoudsgehalte, de hoeveelheid informatie die de modale kijker via de televisie krijgt, daalt dus wel.

Bovendien is de keurige afbakening van vroeger tussen de nieuwsdienst, die ernstige, journalistieke programma’s maakt, en de andere diensten, die meer entertainment brengen, voor een stuk vervaagd. We krijgen veel meer cross-overs en verschillende formaten worden door elkaar gebruikt. Dat levert natuurlijk het verwijt op dat ook politiek nieuws leuk wordt gemaakt. Het onderzoek daarnaar geeft gemengde resultaten. Het toont aan dat deze programma’s inderdaad weinig inhoud bieden, maar dat ze daardoor juist nieuwe groepen aanspreken, die anders nooit naar politiek nieuws zouden kijken. De meer entertainmentachtige programma’s die tijdens de laatste verkiezingscampagne werden aangeboden, bereikten een publiek dat anders niet zou hebben gekeken. Bovendien blijkt dat het publiek er ook nog iets van te onthouden. De verkiezingen voorstellen als een wedstrijd heeft dus een mobiliserend effect. Hoe diep dat allemaal gaat, is natuurlijk een andere vraag.

Voor het volgende element moeten we even teruggaan in de tijd. Al vanaf 1964 wijst het klassieke communicatieonderzoek op een systematische vertekening. Om het eenvoudig te zeggen: op de televisie verschijnen blanke mannen van middelbare leeftijd. Vrouwen, allochtonen, ouderen, jongeren en allerlei andere groepen komen veel minder aan bod. De diversiteit van de samenleving komt niet tot uiting in de televisiebeelden. Hoe komt dat?

Volgens sommigen verengt de televisie onze kijk op de werkelijkheid en gaat het om een bijna bewust uitsluiten van bepaalde groepen. Televisiemakers voeren dan weer vaak aan dat ze wel andere groepen aan het woord willen laten, maar bijvoorbeeld geen vrouwen en allochtonen vinden die een deskundige uitleg willen geven. Ze schermen dus altijd met een gebrek aan aanbod.

Om uit te maken welke van de twee verklaringen klopt, maken we gewoon een tijdsreeks. Als voorbeeld nemen we de vrouwen in de politiek. Zeker in de Senaat is het percentage vrouwen ontzettend gestegen, van 10% naar 35%. De Senaat is dus meer divers geworden, net zoals we ook een grotere etnische en culturele diversiteit zien in de samenleving. Als het klopt dat televisiemakers alleen maar reflecteren, dan zouden zij net dezelfde trend moeten volgen. We zien echter dat er wel lichtjes meer vrouwelijke politici aan het woord komen, maar dat hun aantal veel langzamer stijgt dan dat van de vrouwen in de politiek. Er is dus een duidelijke decalage. De media volgen wel de toenemende diversiteit, maar heel traag.

Bovendien zien we een sterke stereotypering. Vrouwelijke politici – zo blijkt uit onderzoek van 2004-2005 – worden nog altijd vooral aan het woord gelaten over vrouwelijke thema’s en allochtone politici over allochtone thema’s gaat. Het argument van de pure reflectie gaat dus helemaal niet op.

Hoe komt het dat die diversiteit niet aan bod komt in de media? Het beroep doen op stereotiepen vergemakkelijkt de informatieoverdracht. Als een televisiejournalist iets moet zeggen over ouderschapsverlof, dan is het meest voor de hand liggende bijhorende beeld een moeder die iets doet met haar kinderen. Het is een herkenbaar beeld. Als het over ouderschapsverlof gaat, worden in 92% van de gevallen moeders getoond. Als het puur om efficiënte informatieoverdracht gaat, dan is dat dus ook logisch. Informatie over zorgende vrouwen en allochtonen in specifieke beroepen wordt gemakkelijk opgenomen. Een man die een baby een nieuwe luier omdoet, is nog altijd niet voor de hand liggend. Als men dat beeld gebruikt, is men de kijker gedurende een fractie van een seconde kwijt. Puur communicatietechnisch is het meer voor de hand liggend om bestaande stereotypen gewoon over te nemen en te blijven uitspelen.

Het probleem is natuurlijk dat men niet meer de huidige werkelijkheid weergeeft, maar een werkelijkheid van twintig, dertig jaar geleden. Toen verversten inderdaad alleen de vrouwen luiers. Het argument om alleen die stereotypen te gebruiken kon dertig à veertig jaar geleden worden aangevoerd, maar nu niet meer. De samenleving is geëvolueerd, is meer divers geworden en de media blijven achter.

Als het om mediainhoud en objectiviteit gaat, vergissen we ons wel eens van doel. Meestal heeft men het over punctuele objectiviteit: komt partij A evenveel aan bod als partij B, belicht men het Franse standpunt evenveel als het Duitse en het Nederlandse? Daarover zijn relatief weinig klachten. Het aantal klachten bij de Vlaamse Raad voor de journalistiek blijft tamelijk beperkt. De professionele deontologie van journalisten is goed. Grove manipulatie komt in België haast niet voor. Een onderzoek naar de berichtgeving over de oorlog in Irak wijst uit dat de meeste Westerse televisiezenders objectieve berichtgeving hebben gebracht. Ook de BBC, die altijd het verwijt kreeg tegen Blair te zijn, was heel neutraal. In tegenstelling tot wat mediasociologen als Noam Chomsky beweren, lopen de televisiezenders de regeringen niet achterna. Er is wel een probleem van systematische vertekening, bijvoorbeeld het niet aan bod laten komen van Arabische stemmen in het conflict en het minder aan bod laten komen van diversiteit in onze eigen samenleving.

Wat zijn de effecten hiervan?

Politieke kennis is heel moeilijk te meten en moeilijk te vergelijken doorheen de tijd. Uit onderzoek kunnen we afleiden dat de politieke kennis zeker niet stijgt. In het beste geval blijft ze stabiel. Dat is vreemd, want het scholingsniveau van de Belgische bevolking is de afgelopen jaren sterk gestegen.

Een pessimistische stroming vindt dat mensen zoveel tijd besteden aan televisie dat ze geen sociaal contact met de buren meer hebben of zich niet meer als vrijwilliger engageren. Op Europees niveau klopt dat niet helemaal.

Er is geen rechtlijnig verband. Een zekere mate van tv-kijken gaat nog perfect samen met participatie en vrijwilligerswerk. Dat begint wel, en zelfs vrij sterk, te dalen vanaf 20 à 30 uur tv-kijken per week, het "zware tv-kijken".

Een derde gevolg is vooral onderzocht in de Verenigde Staten en slaat op het effect van de veranderde stijl en inhoud van journalistiek. Televisieverslaggeving is een stuk cynischer geworden, een stuk minder respectvol dan een paar decennia geleden. Amerikaanse auteurs zeggen dat daardoor een zichzelf versterkende spiraal op gang komt. Als alle journalisten insinueren dat politici het louter voor de macht en het geld doen en als ze dat voortdurend in interviews suggereren, dan gaan de mensen dat op de duur ook geloven. Belangrijke onderzoekers, zoals Diana Mutz, lijken aan de hand van experimentele settings enigszins te bevestigen dat een kritische of cynische toon inderdaad zo’n kijk op de politiek tot gevolg heeft.

Een laatste effect is wat Marc Bovens van de Universiteit van Utrecht ‘een tendens naar een enclavedemocratie’ noemt. Een normale democratie gaat ervan uit dat alle burgers iets gemeenschappelijks hebben, dat ze, ondanks hun verschillende achtergrond, geslacht of wat dan ook, samen een democratische gemeenschap vormen. De media doen steeds meer het omgekeerde. Ze vinden het algemene publiek een stuk minder interessanter en ze vinden het veel nuttiger om aparte doelgroepen aan te spreken en die ook apart te houden. De heer Delruelle beschreef dat fenomeen al: elke adverteerder wil een eigen doelgroep en is niet geïnteresseerd in de hele bevolking. Daardoor krijgen we een verdere versnippering en worden mensen steeds minder geconfronteerd met andere burgers en met een andere mening.

De komst van de interactieve televisie, waarbij de kijker zelf kiest wat hij ziet, zal deze tendens nog versterken. De kijker krijgt dan namelijk alleen nog het nieuws te horen dat hij zelf kiest. Elke burger krijgt daardoor zijn eigen hokje, zijn eigen eilandje, zonder communicatie met de buitenwereld.

Een belangrijke scheidingslijn en misschien zelfs het ordenend principe blijft ook dan nog de kloof tussen laag- en hooggeschoolden. Ze kijken naar andere zenders en naar andere programma’s. De diversificatie zal zich doorzetten. Deze groepen gaan steeds meer naast elkaar leven naarmate het aanbod groter wordt. Hier speelt ook de tweedeling tussen openbare en commerciële omroep een grote rol.

Welke rol precies is onderwerp van een breed debat. Collega Walgrave gaat heel sterk uit van een inhoudelijk effect: omdat commerciële stations meer items brengen over criminaliteit en onveiligheid brengen, zullen hun kijkers meer op extreem-rechtse partijen stemmen. Als men dat iets terughoudender bekijkt, ziet men wel een samenhang, maar ook een vorm van zelfselectie. Een bepaald soort van mensen stemt extreem-rechts en stemt vaker af op een commerciële omroep, maar de causaliteit tussen beide blijft een groot vraagteken.

De openbare en de commerciële omroep behouden alleszins, ondanks hun toenemende gelijkenis, duidelijk elk een eigen inhoud en stijl en trekken daardoor ieder een ander publiek aan. Dikwijls worden in het debat over de openbare versus commerciële omroep alleen vergelijkingen gemaakt binnen een land of zelfs binnen een gemeenschap.

Wanneer de omroepen over heel Europa worden vergeleken, zien we dat er een wisselwerking tussen de omroepen bestaat. In een omroepbestel met een sterke openbare omroep, zoals in sommige Scandinavische landen en in België, lijken de commerciële stations veel meer op de openbare omroep en bieden ze een ander soort programma’s aan dan in landen waar de openbare omroep volledig is verdwenen, zoals in Griekenland of Italië. Om dus het netto-effect van een openbare omroep te berekenen, moet er niet alleen, zoals in de meeste onderzoeken tot nu toe is gebeurd, worden gekeken naar welk soort programma’s de openbare omroep uitzendt en wie ernaar kijkt, maar moet er ook op een ruimer niveau worden gekeken, namelijk naar hoe een samenleving of een omroepbestel eruit ziet in landen waar een openbare omroep niet aanwezig is.

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M. Jean-Jacques Jespers. – On m’a toujours dit que « rapporter était vilain », je vais cependant m’y appliquer.

Lors de ce forum sur le pluralisme des médias, le 15 mars dernier, nous avons pu entendre des communications et des interventions de professionnels de l’information, de dirigeants de sociétés éditrices, d’observateurs universitaires et de représentants de la société civile, comme on dit par facilité. Je citerai M. Stroobants, correspondant du Monde en Belgique, Mme Simonis et M. Leruth de l’Association des journalistes professionnels, M. Bouveroux de la VRT, M. Lovens de La Libre Belgique, M. Vangeel, administrateur délégué du groupe de presse Concentra, M. Marchant administrateur délégué de Rossel & Cie, M. Rosenblatt, directeur de l’information et des programmes de RTL-TVI, Mme De Bens, professeur de sciences de la communication à l’Université de Gand et présidente du Vlaamse Mediaraad, Mme Witte, historienne, professeur à la Vrije Universiteit Brussel, Mme Staes du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, Mme Verleye, attachée de presse de la Ville de Bruges, M. Mosseray, représentant du Conseil supérieur de l’Audiovisuel et M. Raes, président du Conseil de la concurrence.

Rien que du beau monde.

Leurs échanges de vues nous ont convaincus que le problème du pluralisme des médias n’est plus lié au nombre d’opérateurs mais à la quantité et à la qualité des contenus informatifs.

Il convient désormais de parler d’accès du public à une offre pluraliste d’informations davantage que de pluralisme des médias puisque, il faut bien l’admettre, les conditions du marché partout en Europe rendent quasi automatique une concentration de plus en plus grande des opérateurs. Ce phénomène de concentration est peut-être moins préoccupant en Belgique qu’ailleurs, par exemple dans les pays de l’ancienne Europe de l’Est, où toute la presse, je dis bien toute la presse, est désormais aux mains de groupes étrangers, allemands comme Bertelsmann et Springer ou suisse comme Ringier.

Il ressort des débats de ce forum que la quantité et la qualité du contenu informatif des médias, donc le pluralisme, dépendent moins aujourd’hui de facteurs idéologiques que de facteurs socio-économiques.

Cette quantité et cette qualité sont essentiellement déterminées par les conditions de travail des journalistes dans les rédactions et par les choix rédactionnels impartis aux médias par leurs opérateurs, en fonction de leur perception des paramètres du marché.

À ce propos, on remarque une assez nette dichotomie entre le point de vue des éditeurs et celui des journalistes. Les éditeurs affirment assez unanimement vouloir garantir la liberté d’action des journalistes et la qualité de l’information, notamment par la prospérité de l’entreprise basée sur une gestion dynamique. Les journalistes répondent, assez unanimement aussi, primo, que la logique imposée par cette gestion dynamique va à l’encontre des préoccupations de qualité et rapproche sans cesse davantage l’information du divertissement et, secundo, que la logique du management qui exige une hausse du rendement et une baisse des coûts conduit souvent à une détérioration des conditions de travail dans les rédactions, et donc à une détérioration de la qualité de l’information.

Cette dichotomie porte en elle un débat sur la nature exacte de l’information et son rôle dans une démocratie. L’information est-elle un produit ou un service comme un autre ? Sa production doit-elle obéir aux mêmes règles économiques ? L’autorité publique doit-elle intervenir dans ses conditions de production pour faire prévaloir d’autres paramètres que les contraintes économiques, notamment des obligations d’intérêt public, sinon de service public. Ces questions ont été au centre des débats.

J’en reviens aux constats et à l’analyse de la situation. Aujourd’hui – c’est ce que nous a exposé Mme Witte – la valeur d’usage des médias, c’est-à-dire le pluralisme et la formation de l’opinion dans une démocratie, entre de plus en plus en conflit ouvert avec leur valeur d’échange, c’est-à-dire leur fonction économique.

Par ailleurs, notre société est marquée par une surabondance quantitative d’informations et par une segmentation croissante du marché des médias répondant à des attentes plus spécifiques de la part de segments plus restreints du public. D’où, par exemple, la multiplication des chaînes de télévision, notamment thématiques, et la diversification des titres des magazines imprimés.

Les techniques se diversifient également. Nous voyons apparaître de nouveaux médias : Internet, le DVD, etc.

Les opérateurs assument cette diversification, bien qu’elle leur impose des investissements parfois très lourds, parce qu’elle répond aussi à leurs intérêts. Elle permet, notamment, un meilleur ciblage des annonces publicitaires sur des publics plus précisément définis.

Les éditeurs ont également cherché à regrouper leurs régies publicitaires afin d’accroître leur puissance face aux annonceurs. Ceux-ci fournissent en effet entre 50 et 100 % des ressources des médias.

Étant donné la restriction du marché publicitaire ces dernières années, les groupes de presse et de médias cherchent à accroître leurs parts de marché publicitaire et se veulent toujours plus attrayants pour les annonceurs. La concentration permet de mieux répondre à ce défi.

Un autre élément pousse également le secteur des médias à la concentration. Il s’agit de la rationalisation de la production, surtout dans la presse imprimée, afin de faire face aux nouveaux investissements nécessités par le progrès technique.

Dans ce domaine, la concentration a donc incontestablement abouti à des économies d’échelle mais, avec des conséquences sociales parfois douloureuses. Ne songeons qu’au récent projet de concentration des imprimeries, des groupes de presse VUM (Vlaamse Uitgeversmaatschapij/De Standaard ) et Médiabel ( en partenariat avec VUM depuis la minorisation du capital de l’évêché de Namur par VUM ) à Grand-Bigard, avec, comme conséquence la fermeture du site de Rhisnes.

On peut donc se demander quelle est la taille critique d’une entreprise de médias permettant d’assurer à la fois la rentabilité et la qualité.

Un autre effet reconnu de la concentration est d’avoir accru l’indépendance des médias et, donc aussi, en principe, celle des journalistes, par rapport aux groupes de pression.

Aujourd’hui, en Belgique, plus aucun média n’est lié directement à un groupe de pression philosophique, politique, associatif, syndical ou patronal.

Toutefois, le métier d’éditeur, s’il s’avère relativement autonome et spécifique dans le Nord de l’Europe, notamment en Belgique, reste encore, dans certains pays, lié à d’autres intérêts et à d’autres activités. Citons le compagnonnage pour le moins problématique, en France, de groupes de médias comme Socpresse – actionnaire aussi de Rossel et compagnie – Hachette, Bouygues, avec le secteur de l’armement ou celui du génie civil.

Par ailleurs, la distanciation des médias par rapport aux groupes de pression marque aussi la fin d’une certaine conception du pluralisme et de la diversité politique extrêmement forte dans l’histoire de la Belgique.

Par exemple, De Morgen, grâce à son rachat par De Persgroep s’est détaché de toute subordination idéologique à la famille socialiste et compte 40 journalistes de plus que dans son ancienne formule, mais sa ligne éditoriale dépend désormais principalement des orientations managériales de ses propriétaires.

Ainsi, les menaces qui pourraient planer sur le pluralisme de l’information sont surtout liées à la politique économique des groupes de médias, aux consignes données aux rédactions par les directions et aux conditions de travail dans les rédactions.

La concentration et la politique économique des grands groupes ont d’abord tari la source des initiatives rédactionnelles et donc, réduit le pluralisme des titres. Plus un seul nouveau titre n’est né en Belgique depuis longtemps, à part Expresso ou Métro, mais ce sont des titres qui se bornent à recycler des contenus préexistants ou à paraphraser des dépêches d’agences.

En outre, d’après Mme Debens, la structure oligopolistique de la presse – notamment de la presse flamande – crée un marché très concurrentiel, ce qui ne peut manquer d’avoir un effet sur la ligne rédactionnelle des médias en donnant plus d’influence que jamais à la direction commerciale.

Les éditeurs, MM. Vangeel et Marchant, nous ont affirmé que les vrais éditeurs de presse respectent l’indépendance des différentes rédactions de leur groupe tout simplement parce qu’ils y ont intérêt. Cependant, regardons dans les pays voisins : des éditeurs comme Serge Dassault ou Rupert Murdoch ne font pas mystère de leur volonté d’utiliser leur empire de presse pour propager leurs propres idées. Ces idées que M. Dassault qualifie lui-même de « saines ».

En outre, on constatera, par exemple, avec Mme Debens que, cinq ans après le rachat du journal du mouvement démocratique chrétien Het volk par la VUM, l’intégration rédactionnelle de ce titre avec Het nieuwsblad est presque totale en dépit des divergences idéologiques de départ.

Les journalistes, pour leur part, dénoncent les contraintes explicites – ou non – que fait peser la gestion des groupes de médias sur les rédactions. Pour paraphraser M. Stroobants : « Les grands patrons de presse ont désormais disparu et les journaux ne sont plus que des industries où les décisions sont prises par des managers et où les journalistes sont désarmés ».

Qu’est-ce donc alors qu’un vrai patron de presse aujourd’hui ?

La principale contrainte managériale pesant sur les rédactions résulte, selon le point de vue des journalistes, de la concurrence et de la nécessité de toucher le maximum de public afin, bien sûr, d’attirer le maximum d’annonceurs.

Sur le marché des médias, l’intensification de la concurrence, autrement dit l’accent mis sur la valeur d’échange des médias davantage que sur leur valeur d’usage, s’avère dangereuse pour la qualité de l’information.

On donnera la préférence au divertissement, à l’information facile à récolter et à traiter. On donnera plus de place au sensationnel, au fait divers, au fait de société. On ouvrira la porte à une « tabloïdisation » de la presse, même de la presse de qualité, et à une perte de diversité du contenu.

Par ailleurs, on constate la multiplication dans les quotidiens, notamment de suppléments thématiques hebdomadaires, en vue d’attirer de nouveaux publics. S’il arrive que certaines rédactions engagent encore du personnel, c’est d’abord pour fabriquer ces suppléments au détriment, sans doute, de la qualité du contenu quotidien.

On constate aussi une homogénéisation des choix rédactionnels – Le Soir et la Libre Belgique ont le plus souvent la même manchette, sinon le même titre – et une dépolitisation des contenus, l’information politique ayant souvent la réputation d’être ennuyeuse.

Même l’audiovisuel public est frappé par cette évolution. Certains sujets ne sont même plus traités alors que les éditeurs affirment vouloir répondre aux attentes toujours plus variées du public. Un éditeur comme M. Marchand reconnaît que la volonté d’être populaire contient en elle-même le risque du populisme.

Mme Witte nous a décrit les effets de ce populisme médiatique, notamment, une personnification plus grande de la politique. Le public devant pouvoir s’identifier au leader politique, celui-ci montrera davantage son visage, sa personnalité, sa vie privée.

Par conséquent, la politique change et apparaît davantage comme un combat entre des personnes que comme un combat entre groupes ou idéologies. Cette image nouvelle n’est sans doute pas étrangère à l’affaiblissement des axes idéologiques en politique.

Autre effet : la dramatisation. Les médias mettront davantage l’accent sur le déroulement des conflits et sur leurs enjeux. Ils chercheront à déterminer les gagnants et les perdants.

Là aussi, l’idéologie passera au second plan. L’information copie de plus en plus le divertissement. On parle de "story model": il faut raconter des histoires. L’analyse ou "analyse model" est délaissée, la réalité complexe n’est plus représentée et fait place à une vision simpliste, conforme aux schémas du populisme.

Cette façon de montrer le monde peut entraîner une plus grande passivité du public. Elle peut aussi renforcer les attitudes antipolitiques, voire le vote en faveur de listes d’extrême droite.

Mme Witte souligne cependant que ces nouvelles conceptions de l’information peuvent aussi être considérées comme des remèdes contre la dépolitisation. Par une approche plus ludique, on attirerait de nouveaux groupes du public vers la politique, surtout en télévision.

Apprendre à connaître et à visualiser les leaders politiques pourrait également renforcer le système représentatif : on ne voterait plus pour des fantômes. Les mandataires publics seraient par ailleurs obligés à renoncer à la langue de bois et à être plus directs. Le paysage politique serait dès lors davantage dessiné par l’opinion publique et pas uniquement par l’intelligentsia ou la bureaucratie du parti.

C’est également la thèse que défendent les éditeurs. Selon eux, l’information sérieuse et l’information légère ont chacune leur place sur le marché. Mais l’information sérieuse coûte incontestablement plus cher. M. Rosenblatt par exemple a constaté qu’aujourd’hui, en Belgique francophone, l’information quotidienne sur les deux chaînes de télévision – publique et privée – est le programme le plus suivi, ce qui constitue un facteur incontestable d’identité culturelle et de pluralisme.

C’est le résultat d’un investissement intellectuel des deux chaînes dans une information qui concerne directement le public mais cette référence pour la spécificité entraîne des investissements coûteux. Une chaîne comme RTL-TVI, filiale du groupe Bertelsmann, ressent plus que jamais la pression des contraintes économiques lorsqu’elle veut affirmer son ancrage belge.

Plus que les pressions politiques ou publicitaires, ce sont les pressions sur les moyens qui pèsent le plus lourd aujourd’hui sur les rédactions audiovisuelles.

Une autre contrainte dénoncée par les journalistes comme nuisible à la qualité de l’information et donc, au pluralisme, est évidemment celle de l’organisation du travail dans les rédactions. Les éditeurs affirment que grâce à la concentration des moyens de production, les moyens humains mis à disposition des rédactions n’ont jamais été aussi importants.

Les journalistes dénoncent pourtant la précarisation des statuts, le recours croissant à des journalistes free lance – Mme Verleye, attachée de presse de la ville de Bruges, note qu’il n’y a quasiment plus que des free lance qui assistent à ses conférences de presse – ou encore, comme à la Libre Belgique, journal dont la parution est assimilée par M. Lovens à un miracle quotidien, l’emploi de faux indépendants.

Cette organisation du travail peut-elle nuire au pluralisme ? Les journalistes pensent que oui. Mme Staes, du Centre pour l’égalité des chances le confirme en évoquant un exemple vécu. Un même groupe de presse n’envoie qu’un seul rédacteur pour plusieurs rédactions à une conférence de presse, même si ces rédactions sont en principe aussi différentes que celles de la Gazet van Antwerpen et du Belang van Limburg.

Selon MM. Stroobants et Leruth, dans certains journaux, la taille de la rédaction n’est plus suffisante pour maintenir la qualité à laquelle le public a droit. C’est la conséquence la plus évidente des concentrations.

Dans ces rédactions réduites à la portion congrue, les journalistes travaillent de plus en plus avec Internet ou en faisant du copié-collé de dépêches ou de communiqués. La communication l’emporte sur l’information. Les journalistes n’ont plus le temps ni les moyens d’aller sur le terrain et perdent le contact avec le citoyen.

L’affaire « Remmery », du nom de cet employeur menacé de mort pour avoir soutenu une employée, persévérant à conserver le foulard islamique, n’a suscité aucun reportage sur place dans la presse francophone belge pendant plusieurs mois. Finalement, c’est le journal français Le Monde qui s’est emparé du sujet.

Le nombre de titres n’est pas l’essentiel car les pages communes à divers titres appartenant au même groupe sont de plus en plus nombreuses. Les conditions de travail au sein des rédactions sont de plus en plus stressantes. La quantité de travail, dit M. Jos Bouveroux de la VRT, a terriblement augmenté en trente ans.

La polyvalence croissante exigée des journalistes nuit à la qualité du traitement de l’information. M. Rosenblatt reconnaît d’ailleurs que cette évolution doit faire l’objet d’une réflexion au sein de l’ensemble de la profession.

Le secteur des médias ne peut être considéré comme un secteur économique parmi d’autres. Il est acteur de changements sociologiques, identitaires et citoyens. Il peut influencer la société, voire la décision politique. Il contribue à la formation des opinions et des citoyens.

Tous les médias ne sont d’ailleurs pas à égalité dans ce domaine. Il y a une corrélation évidente entre le taux de citoyenneté et le taux de lecture de la presse quotidienne, le plus politique et le plus citoyen des médias. Il y a aussi une corrélation entre le taux de citoyenneté et la force du secteur audiovisuel public.

Certains estiment que des groupes de presse oligopolistiques, comme c’est le cas en Flandre, notamment, risquent d’exercer une influence excessive sur les choix politiques par la mise à l’agenda de tel ou tel problème au lieu de tel autre.

Selon plusieurs interlocuteurs de la profession, un sursaut est absolument nécessaire de la part des journalistes qui se sont montrés jusqu’ici trop corporatistes et ont cru, à tort, que la pluralité des titres ou des chaînes garantissait la qualité et le pluralisme.

Selon M. Stroobants, les journalistes et les décideurs politiques se sont longtemps alignés sur le point de vue des éditeurs. Certes, la majorité des titres de la presse belge sont indépendants mais cela suffit-il à gagner la confiance du public ?

L’exemple de la presse quotidienne francophone, en perte de tirage constante, plaide pour une autre approche, davantage centrée sur le contenu. Certains médias flamands l’ont bien compris.

Quel doit être le rôle des pouvoirs publics en la matière ? Doivent-ils réglementer les concentrations ?

Pour M. Van Geel du groupe Concentra, le cadre du décret communautaire et même celui de la loi fédérale semblent trop étroits pour une réglementation en la matière : nous sommes dans un marché qui s’internationalise. De plus, les éditeurs mettent le monde politique en garde : la volonté de réglementer les concentrations, disent-ils, peut avoir des effets pervers. Ils citent notamment l’exemple du décret sur la distribution des fréquences aux radios commerciales en Communauté flamande. On a voulu éviter les monopoles idéologiques et, au bout du compte, les deux fréquences communautaires flamandes sont de facto entre les mains du même opérateur.

De même, en voulant éviter les monopoles en matière de télévision régionale, les autorités flamandes ont créé une situation chaotique où, au lieu d’une télévision solide et prospère par province, onze stations en situation précaire coexistent, dépendant à la fois des fonds publics, des câblodistributeurs et des éditeurs de presse.

Néanmoins, le besoin d’une certaine régulation se fait parfois sentir. Ainsi, le Conseil de la concurrence a-t-il récemment posé des conditions strictes au rachat de l’Écho par Rossel et De Persgroep – pas d’offre forcée aux annonceurs, des recettes publicitaires séparées, etc. – pour éviter tout abus de position dominante.

De plus, il faudra tenir compte, dans le débat sur la régulation de la concurrence et des concentrations, de la volonté de plus en plus affirmée par des exploitants de réseaux comme Belgacom ou Telenet de pénétrer sur le terrain des contenus – par exemple par le rachat des droits de diffusion du football – ou de passer des accords préférentiels avec certains opérateurs dans le domaine de la distribution numérique, tant en radio qu’en télévision. On ne pourrait pas imaginer, par exemple, que La Poste ne distribue que les journaux d’un seul groupe de presse. Or, des accords de ce type se profilent dans le domaine des médias numériques, ce qui inquiète évidemment certains groupes.

Les éditeurs souhaitent également que les médias étrangers ne se voient ouvrir le marché belge qu’en échange d’investissements, comme c’est le cas dans le secteur audiovisuel. Ils demandent que les pouvoirs publics contribuent à créer un environnement favorable pour les médias, comme en Scandinavie. En Finlande et en Norvège, ainsi que l’a rappelé M. Marchand, on vend un exemplaire de journal par habitant. Comment – on peut se poser la question – donner au citoyen belge le réflexe de l’information ? Pour d’autres, comme M. Van Geel, la tâche d’assurer la diversité intrinsèque du paysage médiatique doit être laissée aux éditeurs, tout en surveillant les excès éventuels. Médias et politiques, dit-il, doivent rester strictement séparés. Le politique ne doit pas vouloir être éditeur ou rédacteur en chef, même et surtout pas dans les médias de service public, et l’éditeur ne doit pas dicter la loi.

Mais, à cet égard, les journalistes ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Leurs représentants souhaitent, tout comme certains représentants de la société civile, que la puissance publique impose une plus grande transparence de l’actionnariat des médias, afin que le public sache qui possède les médias qu’il consomme. Ils demandent aussi qu’elle garantisse et contrôle l’accès du public à une véritable offre pluraliste d’information. Comment ? Il faudrait tout d’abord faire proclamer par voie légale l’autonomie des rédactions, s’assurer qu’elles sont composées de professionnels compétents et rigoureux. C’est, selon les journalistes, le meilleur rempart contre les effets négatifs des concentrations sur le pluralisme.

Les pouvoirs publics peuvent intervenir, notamment par des subventions publiques conditionnelles. Comme l’a rappelé Mme Simonis, c’est déjà le cas en Communauté française, avec le décret de 2004 sur l’aide à la presse, qui impose de nouvelles conditions aux entreprises éditrices pour obtenir cette aide : respect des conventions collectives, reconnaissance d’une société de rédacteurs, respect du code des principes de journalisme. Ce sont là les seules avancées pragmatiques enregistrées dans ce domaine depuis cinquante ans.

Le rôle du pouvoir politique peut aussi consister à encadrer l’activité des médias en leur imposant des normes de qualité, par exemple le « must carry » sur le câble. L’autorisation de diffusion d’une chaîne pourrait aussi être assortie de conditions plus strictes et mieux contrôlées, comme c’est notamment le cas dans les pays scandinaves.

Comme l’a rappelé M. Mosseray, du CSA, la Communauté française impose aussi, depuis 2003, la reconnaissance d’une société de rédacteurs comme condition à l’agréation de toute chaîne privée ou locale de radio ou de télévision. Le CSA se donne ainsi pour mission d’évaluer en permanence la transparence des structures économiques des opérateurs et le pluralisme de l’offre.

Pour les éditeurs, par contre, les investissements financiers du secteur public en faveur des médias devraient se limiter au financement de l’audiovisuel public, à des aides à la diffusion, à une organisation plus systématique de l’éducation aux médias dans les écoles et à des insertions publicitaires pour des causes d’intérêt public, plutôt qu’à des subventions conditionnelles.

L’AGJPB, par exemple, s’oppose à cette conception et préfère le système des aides conditionnelles à des campagnes publicitaires sur les recettes desquelles la collectivité ne peut exercer aucun contrôle ni poser aucune condition.

Il est au moins un point sur lequel tout le monde s’accorde : le rôle essentiel du secteur public de l’audiovisuel, pluraliste par définition et par obligation.

Les éditeurs, notamment, soulignent qu’un audiovisuel public fort, avec des missions spécifiques et des moyens suffisants est un bon remède contre les conséquences négatives éventuelles de la concentration des médias privés.

Pour les éditeurs flamands, il est préférable que les moyens de l’audiovisuel public proviennent uniquement des autorités publiques ou qu’en tout cas, si un accord de partenariat publicitaire est conclu avec le secteur privé, qu’il le soit avec l’ensemble des opérateurs et non, comme aujourd’hui, avec un seul, afin d’assurer davantage de neutralité.

Enfin, étant donné sa responsabilité sociale et politique, le secteur des médias se doit de respecter scrupuleusement une déontologie spécifique. Des dispositions doivent être prises pour faire appliquer cette déontologie. Sur ce point, tout le monde s’accorde pour dire qu’une autorégulation interne est préférable à une intervention externe.

Du côte flamand, tous les milieux se sont accordés pour créer un organe paritaire, le Raad voor de Journalistiek mais du côté francophone, l’appel des associations professionnelles de journalistes n’a pas encore trouvé suffisamment d’échos favorables auprès des éditeurs et des rédacteurs en chef.

La conclusion que je tire de ce débat est la suivante. Une opposition assez nette se fait donc jour entre les entreprises de médias d’une part, les journalistes et certains autres milieux associatifs, d’autre part, quant à l’avenir du pluralisme dans les médias. Les uns souhaitent que la puissance publique garantisse la qualité et le pluralisme de l’information, par des interventions conditionnelles ou par des normes. Les autres souhaitent que la puissance publique garantisse avant tout les conditions du libre développement des entreprises, développement qui devrait, selon eux, permettre d’assurer le pluralisme et la qualité de l’information.

Il appartiendra en définitive aux mandataires politiques de trancher ce nœud gordien, après avoir bien évalué les enjeux. Il y va – on peut le dire sans hésiter –, non seulement de l’avenir des médias, mais aussi de l’avenir de la démocratie.

De heer Andy Vermaut.- De heer Delruelle zegt dat anti-semitisme en xenofobie vanuit democratisch oogpunt niet kunnen worden verdedigd. Als remedie ziet hij de uitbouw van het institutioneel pluralisme. Ik vraag mij af hoe je dat doet.

Wat denkt Staf Nimmegeers van de invoering van het vak wereldburgerschap als bijdrage aan de uitbouw van dat institutioneel pluralisme?

Zouden de aanwezigen over die vraag misschien ook kunnen stemmen zodat we weten of men al dan niet voor dat project gewonnen is.

Hoe kan pluralisme worden verdedigd vanuit de christelijke dimensie waarin de Messias door een volk niet werd erkend? Zit de discriminatie ook niet in dat geloof vervat? Welke oplossing ziet hij voor dat probleem in het licht van de samenstelling van ons onderwijs?

De media hebben volgens de heer Delruelle niet te maken met burgers, maar wel met consumenten. Daarbij wil ik dan de bedenking maken dat ook de politiek uiteindelijk met consumenten heeft te maken.

Verder vraag ik mij af wat de politiek zou zijn zonder de media. De heer Delruelle is mijns inziens iets te weinig genuanceerd, want mensen als Yves Desmet en redacteurs van De Standaard en Canvas willen er wel voor zorgen dat de media deftig werken en deftige artikels produceren.

In de analyse van Marc Hooghe ontbreekt één element met name de vraag welke invloed de kranten en de persbureaus hebben op de televisie. Meestal zijn kranten en persbureaus de databanken waaruit de televisie put. Dat was mijn inziens een serieuze lacune in zijn uiteenzetting.

Soaps als ‘Thuis’ en ‘Familie’ voeden inderdaad niet op tot transnationaal burgerschap; mensen van diverse origine komen er niet dichter tot elkaar. Hoe komt dat? Zijn de media bereid om daar iets aan te doen?

Ik heb de indruk dat de heer Jean-Jacques Jespers beweert dat er geen persvrijheid meer bestaat. Ik vind dat vrij ongenuanceerd. Hij heeft misschien een uitgesproken mening, maar bij de meeste kranten bestaat er een commerciële dienst die losstaat van de redactie. Beide diensten werken onafhankelijk van elkaar. Ik vraag me dan ook af of overheidsinmenging in de media wel een goede zaak is voor de onafhankelijkheid van die media.

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De heer Staf Nimmegeers, medevoorzitter-moderator. – Ik wil niet vluchten voor de vragen die aan mij werden gesteld, maar ik stel voor om nu te beperken tot de vragen aan de rapporteurs. Ik ben wel bereid om de projecten met de heer Vermaut te bespreken. Misschien zit daar wel stof in voor het scholierenparlement. In deze sessie ben ik voorzitter en niet referent.

De heer Vonck, advocaat uit Ninove. – De heren Delruelle, Jespers en Hooghe hebben zeer boeiende uiteenzettingen gehouden. Ik vraag me evenwel af of hun betoog geen doekje voor het bloeden is en of we ons niet van oorlog vergissen. Als in onze democratische staat partijen worden getolereerd die in hun kiescampagne symbolen opvoeren zoals borstels, bokshandschoenen en rattenvallen, zonder dat er een haan naar kraait, mag het toch niemand verwonderen dat er na verloop van tijd problemen rijzen. We zullen geen enkele reden hebben om te zeggen: "Wir haben es nicht gewusst". We weten het maar al te goed, maar we doen niets.

M. Robert Wilmaux, notaire honoraire de Tournai. – Je m’adresse en particulier à Jean-Jacques Jespers. Je partage son avis sur les dangers de la concentration. Si on a le loisir de lire différents journaux, pas seulement en Belgique mais aussi à l’étranger, on voit que trop souvent, les mêmes informations sont reprises parfois textuellement d’un journal à l’autre.

Je voudrais revenir sur le secret des sources journalistiques. Nous avons encore en mémoire les dérives survenues aux États-Unis où des poursuites judiciaires graves ont été intentées contre des journalistes qui refusaient de dévoiler leurs sources.

Un professeur de Namur. – Monsieur Delruelle, si on suit votre raisonnement, une démocratie pourrait aussi, sans se poser de questions, interdire des partis liberticides ou d’extrême droite.

Une étudiante de l’Athénée François Bovesse de Namur. – Je voulais réagir par rapport au populisme médiatique. Nous constatons une baisse de la qualité de l’information dans les médias. Nous remarquons que les journaux essaient de toucher un public plus large et ont donc tendance à simplifier l’information. Ne faut-il pas creuser le problème plus en profondeur ? Si la plupart des gens sont incapables de comprendre les problèmes complexes de la politique et les informations et analyses diffusées dans les journaux et de réagir adéquatement, ne faut-il pas s’attaquer au problème à la base et améliorer l’enseignement et la formation ? J’ai déjà eu l’occasion de discuter avec une Finlandaise. En Finlande, l’enseignement et l’éducation sont conçus de manière tout à fait différente. Les Finlandais sont beaucoup plus ouverts et peut-être plus aptes à comprendre les événements et les informations, leur esprit critique est plus aiguisé. Il ne faut donc pas simplement s’en prendre aux médias et il faudrait peut-être mieux éduquer la population aux médias.

Un professeur de Namur. – Je me demande si cette responsabilité doit être confiée à l’école. Quand les gens de ma génération étaient à l’école, ils n’étaient pas, me semble-t-il, beaucoup mieux formés aux médias et aux problèmes politiques.

M. Édouard Delruelle – En ce qui concerne la question de l’interdiction des partis liberticides, j’ai dit dans mon intervention qu’il fallait à la fois lutter contre ces partis et prendre en compte la parole de ceux qui souffrent, se sentent exclus et l’expriment de manière radicale. Il faut distinguer les deux. C’est une distinction de principe. Reste à savoir comment faire concrètement. Je suis favorable à la suppression de la dotation publique à des partis qui, manifestement, ne jouent pas le jeu de la démocratie mais profitent de ce jeu pour s’opposer à la démocratie. Ma position est très claire sur cette question purement politique. Cependant, la liberté d’expression et même la liberté de propos radicaux doit être préservée. Je rappelle tout de même que les propos antisémites, racistes, révisionnistes et négationnistes sont interdits par la loi. La démocratie s’est quant même dotée d’instruments pour lutter contre ce qui risquerait de la détruire. Il faut faire passer le message très important que le pluralisme démocratique n’est pas le pluralisme du dire tout et n’importe quoi. Cela, c’est du relativisme, or le relativisme est autodestructeur. Le pluralisme ne peut vivre que si on respecte ses conditions de possibilité.

Pour ce qui est de la tendance à transformer les citoyens en consommateurs, vous avez dit que j’étais sans nuance. C’est vrai que j’ai plutôt tenté de provoquer. Vous avez raison de dire que les médias ne sont pas seuls à traiter de plus en plus les lecteurs, les téléspectateurs comme des consommateurs. Jean-Jacques Jespers a montré combien cela pouvait inquiéter. Cependant, on peut aussi constater cela de la part du personnel politique. Les électeurs ne sont-ils pas, eux aussi, traités de plus en plus comme des consommateurs ? Ma question se voulait provocante mais il est vrai qu’il faut avoir une vision nuancée de la question. Il est évident que des hommes politiques, des pans entiers de nos institutions jouent le jeu de la citoyenneté et respectent celle-ci, tout comme dans les salles de rédaction et dans la presse. Le paysage est évidemment beaucoup plus nuancé, plus dialectique, pour employer un terme philosophique. Il y a deux tendances : devenir consommateur et devenir citoyen. Tout cela est en lutte, avec des mélanges d’ailleurs. Un certain ludisme peut parfois contribuer à intéresser des jeunes à la politique.

Mon intention était de soulever un certain nombre de questions, quitte à manquer de nuances à certains moments, plutôt que d’offrir des réponses.

M. Jean-Jacques Jespers – Je n’ai pas dit que la liberté de la presse n’existait plus. Je me suis borné à rapporter les propos qui ont été tenus dans le forum, de part et d’autre. Effectivement, c’est vrai qu’il existe dans la plupart des médias privés un service commercial, d’une part, et une rédaction, d’autre part, et que ces services sont en principe étanches les uns par rapport aux autres. Cependant, de plus en plus j’entends dire par les professionnels du secteur, notamment par les journalistes, que cette étanchéité est en péril. Les instructions du service commercial ont en effet de plus en plus tendance à « percoler » vers le service rédactionnel, notamment dans des suppléments ou dans des numéros spéciaux qui sont très ouvertement destinés à récolter un maximum d’annonces et pas tellement à informer le public.

Vous avez posé, monsieur, la question du secret de sources. Nous avons la chance, en Belgique, d’avoir depuis peu, précisément grâce à cette assemblée, une loi qui figure parmi les plus extraordinaires existant dans ce domaine. En effet, elle garantit le secret des sources, non seulement aux journalistes, mais à tous ceux qui travaillent dans des entreprises d’information, à de très rares exceptions près, et elle offre une liberté qui est à mon avis la plus grande que l’on puisse trouver en ce moment en Europe, sinon dans le monde.

Dès que la loi sera entrée en vigueur, ce que vous avez dénoncé pour les Etats-Unis ne pourra en principe plus se dérouler dans notre pays. Je répète que c’est grâce au Sénat, qui s’est emparé d’un projet de loi extrêmement restrictif émanant de la Chambre et l’a complètement modifié dans le sens que je viens de décrire.

De heer Staf Nimmegeers, medevoorzitter-moderator. – We zullen de vraag van de heer Vonck behandelen in het kader van het hoofdstuk Media en vrije meningsuiting.

De heer Marc Hooghe. – Wat het pluralisme in de media betreft, is een meer wetmatig optreden aangewezen. Op dat vlak rijzen er evenwel heel wat technische problemen. Het is een kwestie van journalistieke deontologie. In de Angelsaksische media wordt elk potentieel belangenconflict gesignaleerd. Als in een tijdschrift een recensie verschijnt van een muziekproduct dat door een verwant bedrijf wordt aangeboden, wordt dat gesignaleerd. Dat is geen wettelijke verplichting, maar een zaak van journalistieke deontologie. Gelet op de participaties en de gezamenlijke projecten in het Belgische medialandschap is het evident dat een journalist de eigen belangen en standpunten duidelijk maakt. Een wettelijke maatregel lijkt mij overbodig.

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De heer Yves Desmet. – Ik ben als journalist vandaag de enige niet-academicus in het panel. Ik had dan ook een flauw vermoeden dat ik het onderzoeksobject van deze vergadering zou zijn. Intussen heb ik begrepen dat ik, samen met mijn beroepsgroep, verantwoordelijk ben voor alles wat er in de wereld verkeerd loopt. De journalisten zouden banaliseren, zich uitsluitend bezighouden met het opvullen van de witte vakjes tussen de advertenties, schrijven ten dienste van persmagnaten die hun eigen mening aan de wereld willen opdringen. Ik ben blij dat de academici mijn zelfbeeld hebben bijgesteld, want dan kan ik vanaf vandaag daar heel hard aan beginnen te werken!

Ik wil iedereen, maar vooral de jongeren, vragen eens volgende empirische oefening te maken. Vergelijk een krant van twintig jaar geleden eens met een krant van vandaag. En doe eens hetzelfde met de berichtgeving op televisie. Jullie zullen dan vaststellen hoe kritiekloos, deemoedig en onderdanig de journalisten twintig jaar geleden de politici benaderden en hoe ze vandaag hun best doen om met talloze programma’s – 20 jaar geleden was er enkel het journaal – het politieke nieuws over te brengen. Oordeel dan zelf of het twintig jaar geleden allemaal zo veel beter was.

Ik breng verslag uit over het onderdeel Media en vrije meningsuiting. De voorbereidende vergadering die we daarover hebben gehad, is eigenlijk uitgedraaid op een discussie over de opdracht van de media in hun berichtgeving over extreem-rechts en de strategieën die ze daarbij het best hanteren. Op die vergadering bleek duidelijk dat de visie van de Franstalige collega’s op de manier waarop over extreem-rechts dient te worden bericht, totaal verschilt van die van de Vlaamse collega’s.

Franstalige journalisten benaderen dat fenomeen vanuit een vrij strikte afwijzing, vanuit een moeilijk evenwicht tussen informeren en waarschuwen. Informeren, want het is de deontologische plicht van de journalist zijn lezers alle elementen aan te reiken op basis waarvan hij zich een mening kan vormen. Ervoor waarschuwen dat extreem-rechtse partijen haat verspreiden in de samenleving en oproepen tot discriminatie en daartegen ingaan.

In de praktijk leidt dat bij een aantal Franstalige media tot uitsluiting van verkozenen van extreem-rechtste partijen: ze worden niet geïnterviewd, ze krijgen geen vrije tribunes en ze komen zelden of nooit op televisie. Als verantwoording daarvoor wordt aangevoerd dat de retoriek van extreem-rechts een gif is dat zich richt op de schaduwkant van ieder van ons: frustraties, revanchegevoelens, puur egoïsme. Volgens onze Franstalige collega’s moeten goede journalisten daartegen optreden. Wel volgen ze die partijen van zeer dichtbij om hun innerlijke ruzies, hun opinies en hun programma’s te analyseren en aan te tonen hoe fout hun oplossingen voor de samenleving zijn.

Franstalige journalisten leggen ook voortdurend historische verbanden. Ze proberen voortdurend aan te tonen hoe de technieken die extreem-rechts vandaag gebruikt, lijken op de technieken die destijds werden gebruikt om het antisemitisme en later de shoah te kunnen construeren.

Daarom vinden Franstalige journalisten het enorm belangrijk de fascistische en nazistische oorsprong en banden van extreem-rechtse partijen in ons land steeds te benadrukken en te wijzen op hun relatie met leidende figuren uit de collaboratie, zoals Leon Degrelle en Staf de Clercq.

Het is een bijna pedagogische opdracht voor onze Franstalige vrienden: opvoeden, volksverheffing, leren aan de samenleving, aan de lezers en aan de kijkers, hoe gevaarlijk deze ideologie wel kan zijn voor het voortbestaan van de democratie. Ze maken er dan ook geen geheim van dat een journalist niet gehouden is aan een soort van objectiviteitsplicht, maar zich integendeel zeer militant dient op te stellen, niet in de zin van voorstander van één of andere politieke partij of gedachtestroming, maar wel als offensief gericht verdediger van de rechten van de mens.

Langs Vlaamse kant wordt dat enigszins meewarig bekeken. De Vlaamse journalisten worden immers al iets langer en iets heftiger met dat fenomeen geconfronteerd, al was het maar omdat de omvang van extreem-rechts in Vlaanderen iets groter is dan in Wallonië, om niet te zeggen dat ze vandaag de grootste partij zijn in Vlaanderen. Voor vele Vlaamse journalisten klinkt het betoog van hun Franstalige collega’s niet alleen moralistisch, maar lijkt het hun ook inefficiënt. Vlamingen hebben dat immers ooit al geprobeerd.

In de Vlaamse media werd de afgelopen 25 jaar eerder een politiek gevoerd die erin bestond extreem-rechts te negeren, het meer dan kritisch te benaderen of te ontmaskeren, maar zeker niet met sympathie te bejegenen, zoals dat wel eens gebeurt met andere partijen. Dat heeft weinig geholpen. De gestage opgang van het Vlaams Belang de jongste twee decennia heeft dat niet tegengehouden.

Als men aan wetenschappers vraagt hoe dat komt, dan krijgt men vrij tegenstrijdige reacties.

Luc Huyse zegt: ‘De curve die de groei van het Vlaams Belang weergeeft, loopt parallel met de lijn die de aanwas van de hoeveelheid mediaberichtgeving over de politiek uittekent.’ Dat zou willen zeggen dat de journalisten er goed zouden aan doen om er minder over te schrijven.

Nico Carpentier, hier aanwezig, schrijft: ‘Er moet niet minder, maar meer over het Blok geschreven worden. Er is veel te weinig onderzoeksjournalistiek gebeurd over die partij.’ Hij vindt dus dat de journalisten die partij kritisch moeten benaderen, ontmaskeren en tonen hoe ze echt is.

Communicatieadviseur Evert Van Wijk valt dan weer Phara De Aguirre aan omdat ze te scherpe vragen zou hebben gesteld aan mandatarissen van het Vlaams Belang. Dat zou de underdogpositie versterken waarin het Belang zich zo graag manoeuvreert.

De kritiek dat de VRT het Vlaams belang als een iets te normale partij voorstelt, wordt door Dirk Voorhoof als volgt beantwoord: "De VRT heeft zijn verdomde plicht gedaan in een democratie waar politieke meningen geuit moeten kunnen worden, standpunten scherp geformuleerd moeten kunnen worden en opinies met elkaar moeten kunnen botsen. Zij die denken dat de media het Vlaams Blok onder de mat kunnen vegen, roepen op tot een gevaarlijke politieke strategie.’

We zitten in een catch 22-situatie: extreem-rechts in Vlaanderen negeren zou op het ogenblik maatschappelijk en journalistiek niet te verantwoorden zijn. Hoe kunnen we zeggen dat we als journalist een getrouw beeld van de samenleving proberen te geven, als we niet berichten over een partij die een kwart van de kiezers vertegenwoordigt, over een partij die stilaan de enige oppositiepartij is geworden in het Vlaams Parlement?

We kunnen het Vlaams Belang natuurlijk uitermate kritisch behandelen en meer aan onderzoeksjournalistiek doen. Doen we dat, dan krijgen we echter het verwijt dat we de partij demoniseren en versterken in haar slachtofferrol, zodat ze weer slapend rijk wordt bij de volgende verkiezingen. Behandelen we ze als alle andere partijen, dan banaliseren we ze en waarschuwen we niet genoeg voor de gevaren ervan voor de democratie.

Kortom, het is een driedubbel dilemma en ik zou graag van u het antwoord vernemen, want zelf zijn we er die ochtend niet uit geraakt.

De bijdrage van Stefaan Walgrave is zeer interessant. Hij trekt het debat open. Hij zoekt niet noodzakelijk naar wat de media tegen de groei van extreem-rechts kunnen doen, maar hij gaat op zoek naar een verklaring voor die groei.

Uit zijn onderzoek blijkt dat er in de Vlaamse media wel degelijk een cordon journalistique bestaat tegen het Vlaams Belang. Dat cordon is niet helemaal waterdicht. De partij wordt niet doodgezwegen. Ze komt echter veel minder aan bod dan men op grond van het electoraal gewicht ervan zou verwachten. Het Vlaams Belang krijgt bovendien veel meer negatieve aandacht en wordt kritischer bekeken dan de andere partijen. Zijn mandatarissen worden minder geciteerd, minder geïnterviewd, minder gefilmd en minder gefotografeerd dan de mandatarissen van alle andere partijen. Uit metingen van het tv-nieuws blijkt dat het Vlaams Belang in de hoofdjournaals van de openbare en de commerciële omroep zwaar ondervertegenwoordigd is.

In de kranten bestaat hetzelfde fenomeen. De Standaard, De Morgen, Het Laatste Nieuws en Gazet van Antwerpen zijn over verschillende jaren onderzocht. De VLD kreeg 23% van de aandacht, SP.A 20%, CD&V 12 à 15%, het VB 5 à 7%. Dezelfde trend van ondervertegenwoordiging stelt hij vast in de audiovisuele pers en in de gedrukte pers, zowel in populaire dagbladen als in kwaliteitsdagbladen. Daaraan kan het dus niet liggen. Waaraan ligt het dan wel?

Motivatieonderzoek van kiezers leert dat geen enkele andere partij in ons land zo vereenzelvigd wordt met zijn thema’s als het Vlaams Belang. Als men aan kiezers vraagt waarom ze voor socialisten, liberalen, christen-democraten of groenen stemmen, hebben ze het over het programma van de partij, de kwaliteit van de politici, de aantrekkelijkheid of het imago. 73% van de kiezers van het Vlaams Belang zegt echter dat ze voor vier thema’s op die partij stemmen: criminaliteit, antipolitiek en de minder frisse kantjes van het politieke bedrijf, immigratie en nationalisme. Geen enkele andere politieke partij legt zo’n politieke claim op thema’s dan het Vlaams Belang. Daar ligt het probleem. In de berichtgeving lijkt de verwijzing naar die thema’s het Vlaams Belang telkens te helpen.

Professor Walgrave heeft een inhoudelijke analyse gemaakt van de tv-journaals en van de belangrijkste kranten en heeft gemeten hoe vaak er berichten verschenen over die vier thema’s. Vervolgens heeft hij een curve uitgezet met de resultaten van extreemrechts in de opiniepeilingen van La Libre Belgique. Hij stelde vast dat er een bijna direct verband is, niet met de berichtgeving over extreem-rechts, maar met de berichtgeving over die thema’s. Hoe meer nationalistische thema’s en criminele feiten in de kranten en op televisie komen, hoe meer wordt bericht over anti-politiek, hoe meer wordt gezegd dat de politici het niet kunnen of er weer eens niet uit geraken, hoe meer er bericht wordt over asielzoekers en migratie, hoe meer het Vlaams Belang in de opiniepeilingen stijgt. Is er een rustige periode en zijn er geen thema’s in die vier sectoren waarover bericht wordt, dan daalt het Vlaams Belang in de opiniepeilingen. De correlatie bedraagt 0,7. Volgens wetenschappers is dat uitzonderlijk hoog, zelfs bijna causaal te noemen.

De vergadering waaraan ik deelnam, heeft daaruit twee voorlopige, misschien zelfs voorbarige conclusies getrokken. Ten eerste, stellen we vast dat het kritisch zijn, het aandacht hebben voor en het opsporen van schandalen, van wat negatief is, een klimaat creëert waarvan alleen extreem-rechts beter blijkt te worden. Voor journalisten is dat een zeer ontnuchterende vaststelling.

De voorbije jaren openden televisiejournaals en kranten, onder druk van de kijkcijfers en de interne concurrentie, steeds vaker met een beeld van Vlaanderen, Wallonië en België als een soort van Sodom en Gomorra, waar we niet op straat kunnen komen zonder te worden overreden door een chauffeur die daarna vluchtmisdrijf pleegt of zonder te worden overvallen in een bank of een postkantoor en waar elke Mohammed naast onze deur wel eens een paar Al-Qaedaleden in huis zou kunnen verbergen. Gelukkig beseffen ze intussen dat nieuws niet alleen wordt verkocht op basis van bloed, tranen en geweld. Er wordt meer aandacht besteed aan thema’s waaruit blijkt dat het ook goed gaat in onze samenleving en dat ons land nog altijd tot de welvarendste, veiligste en meest vredevolle landen ter wereld behoort.

Extreemrechts haalt thema’s aan die door de media en de politiek bijna tot taboes zijn verklaard. Zodra die thema’s worden aangesneden, ondermijnen we de democratie en zijn we misschien zelfs racisten. Zo wordt althans beweerd. Goedmenende, politiek correcte journalisten bedekken het feit dat jonge allochtonen oververtegenwoordigd zijn onder de jonge criminelen dan ook met de mantel der liefde. In eerste instantie zullen ze hierover niet berichten Vervolgens zoeken ze naar verklaringen en excuses voor dat gedrag. Ze zullen het hebben over achterstelling en racisme. Het zou toch mogelijk moeten zijn om te zeggen dat die jonge allochtonen dergelijk gedrag beter achterwege zouden laten omdat met iedere handtas die ze stelen, het Vlaams Belang weer enkele stemmen wint. Journalisten moeten kunnen zeggen dat hiertegen mag worden opgetreden, zelfs repressief, zonder meteen de stempel van sympathisant van extreemrechts opgedrukt te krijgen. De klassieke partijen en de journalistiek hebben de thema’s die de echte electorale sterkte van extreemrechts uitmaken, veel te lang aan extreemrechtse partijen overgelaten uit angst ermee te worden geassocieerd.

Ik besluit. Het debat over de media en de wijze waarop ze over extreemrechts berichten, is ongetwijfeld zeer interessant voor het ego van journalisten. We kunnen dan zeggen dat we goed bezig zijn en zeer goede democraten zijn. Maatschappelijk gezien is de manier waarop over extreemrechts wordt bericht, eigenlijk weinig relevant. Veel relevanter is de manier waarop we berichten over de thema’s waarmee extreemrechts groot is geworden. Er zijn nog andere thema’s die onze aandacht verdienen. De thema’s waarop extreemrechts teert, mogen echter niet alleen aan extreemrechts worden overgelaten.

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De heer Johan Charlier. – Ik vraag me af of het in dit debat vooral de bedoeling is om specialisten en academici aan de tand te voelen. Daar zie ik namelijk het nut niet van in.

Sta me toe alleen een opmerking te maken met betrekking tot het pluralisme en de heibel rond het Vlaams Belang.

Ik heb de indruk dat men de mens als individu en zijn benadering van de media onderschat en de mens als massa overschat. De mens als individu beseft terdege dat hij de informatie in de media met een korrel zout moet nemen en zelf moet filteren. De mens als massa zou dat niet kunnen en dat is de reden waarom enigszins zinloos wordt gedebatteerd over de benadering in de media van het Vlaams Belang.

Ik vrees dat er sprake is van een soort afstomping. Elk individu heeft ongetwijfeld een mening over het Vlaams Belang, maar de mens als massa wordt als domme massa beschouwd. We kijken immers naar dezelfde berichtgeving en nemen het zoals het is. Ik vraag me dan ook af waarom men niet kan aanvaarden dat het ons in feite niet zoveel kan schelen.

De heer Vonck.- De analyse van de heer Desmet is zoals gebruikelijk degelijk maar zeer academisch. Uit studies blijkt dat het merendeel van de bevolking zich weinig aantrekt van het politieke toneel. Wat ontbreekt in de analyse van de heer Desmet omtrent het Vlaams Belang is het element dienstbetoon. In de statuten van traditionele partijen in ons land staat dat dienstbetoon verboden is. Ik vind dat een echte giller. Uitgerekend een politicus moet beschikbaar zijn en moet diensten bewijzen, uiteraard binnen het kader van wat kan en mag.

Ik ben het dan ook eens met de spreker die van oordeel was dat we deze materie te veel academisch-intellectueel aanpakken en dat we te weinig met onze voeten op de grond staan.

De heer Lars Kwakkenbos. – Ik werk voor Klara, cultuurzender van de VRT en ik heb een vraag voor zowel Yves Desmet als Edouard Delruelle. Vanmorgen hoorde ik de naam Kant vallen, de filosoof van de Verlichting. De heer Delruelle onderscheidde twee soorten affecten en uit zijn betoog leid ik af dat de ene soort wel een rol zou mogen spelen in het politieke discours en de andere soort – bijvoorbeeld angst – niet. Yves Desmet praatte over thema’s die lange tijd taboe zijn geweest in de politiek en intussen door een extreem-rechtse partij zijn gerecupereerd. In hoeverre kunnen we op een verlichte manier politiek blijven bedrijven, met politiek blijven omgaan en er ook over praten in de media, zonder dat we die affecten negeren waar het Vlaams Blok garen bij spint en die volgens, bijvoorbeeld Kant, niet verlicht en misschien ook politiek niet recupereerbaar zijn, als we politiek ernstig nemen?

Mme Eliane Deproost. – Pour le Centre pour l’égalité des chances, la question de la liberté d’expression n’est ni théorique ni académique. Elle est factuelle et est traitée dans notre travail quotidien. Elle se ne pose pas uniquement au sujet de mouvements organisés et extrémistes mais chaque fois que, dans un média, sont tenus des propos à caractère antisémite, islamophobe, arabophobe ou homophobe. De nombreux lecteurs et auditeurs nous téléphonent afin de nous demander de déposer plainte. Mais quelle est la limite entre la liberté d’expression, la liberté d’affirmer des opinions et l’incitation à la ségrégation voire à la violence à l’égard de certains groupes ? Elle est parfois extrêmement difficile à définir. Il existe pourtant des textes légaux intéressants et suffisants qui ne sont pas disponibles dans d’autres pays européens. Ce n’est donc pas seulement une question académique ; c’est aussi une question d’éthique.

Jusqu’à présent, nous avons privilégié le dialogue avec les journalistes, en tentant d’écrire des lettres aux rédacteurs en chef. Cela concerne des articles mais aussi des caricatures. Mais cette question est très délicate et n’est pas que théorique, loin s’en faut.

Une etudiante de l’Athenée François Bovesse de Namur. – Je sais que je suis encore un poussin qui sort de l’œuf. Ce que je dis n’est peut-être pas toujours très cohérent et peut paraître immature ou utopiste.

En écoutant les orateurs, je me rends compte qu’il existe un fossé énorme entre les francophones et les Flamands. Les premiers font référence à Kant ou à des philosophes français alors que les seconds parlent des professeurs flamands. On a donc l’impression qu’il existe un fossé culturel entre la Wallonie et la Flandre. Dans les faits, les journalistes flamands ont peut-être de nombreuses relations avec leurs homologues francophones. Je n’en ai toutefois pas l’impression.

Nous sommes ici au Sénat belge et je suis gênée de devoir mettre mon casque pour comprendre ce qu’explique un jeune flamand. C’est certainement idéaliste mais imaginons un instant que tous les Belges soient bilingues. Un Carolo pourrait alors lire un journal anversois qu’il trouverait à la librairie du coin. Il pourrait ainsi connaître la mentalité flamande. Mon niveau en néerlandais est assez misérable. Je ne lis donc jamais les quotidiens flamands. J’en apprends les gros titres en écoutant la revue de presse en radio à la RTBF. Si la Flandre et la Wallonie étaient plus unies au niveau médiatique, ne pourrions-nous pas sensibiliser davantage les gens aux dangers de l’extrême-droite ? On parle de pluralisme mais les Flamands se mettent-ils suffisamment à la place des Wallons et vice versa ?

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De heer Yves Desmet. – Ik wil eerst antwoorden op de toch wel boeiende vraag of er grenzen aan de vrije meningsuiting zijn en welke elementen men al dan niet terecht uit een politiek of publiek debat kan uitsluiten. Ik verschil op dit punt enigszins van mening met professor Delruelle. Volgens hem mag men in een democratie die mensen uitsluiten die zich niet in de plaats van anderen kunnen stellen. Als men dat doet, toont men echter dat men iemand is die zich niet in de plaats kan stellen van mensen die zich niet in de plaats van anderen kunnen stellen. Dat lijkt mij de logica zelve.

Ik huiver voor dergelijke dingen. Ik moet zelfs toegeven dat ik, als onverdacht lid van de progressieve gemeenschap van ons land, geen groot voorstander ben van de wet op het racisme. Ik ben het ermee eens dat aansporen tot haat, het roepen van ‘brand’ in een overvolle schouwburg, niet kan worden beschouwd als vrije meningsuiting. Zeggen dat je jezelf superieur voelt, gewoon omdat je een andere huidskleur hebt, is voor mij vooral een domme uitspraak, maar niet een waarvan ik wakker lig.

In de Angelsaksische rechtstraditie, meer bepaald in de Verenigde Staten, wordt veel meer waarde gehecht aan de intrinsieke kracht van het begrip vrije meningsuiting dan bij ons. In de Verenigde Staten kan de Ku Klux Klan ongestoord manifesteren met borden met de meest racistische en nazistische slogans erop. Dat behoort tot hun vrijheid van meningsuiting. Pas wanneer die mening in daden wordt omgezet, wanneer stenen door de ramen van huizen of auto’s van zwarte Amerikanen worden gegooid, komt de politie eraan te pas en worden ze vervolgd. Ik ben geneigd te denken dat de kracht van een democratie af te meten is aan de vrijheid die ze haar tegenstanders gunt, ook op het gebied van meningsuiting. Wie bepaalt immers uiteindelijk welke mensen zich niet in anderen kunnen verplaatsen? Wie zorgt ervoor dat ook democraten zelf niet het grootste gelijk boven alles stellen? Op termijn zou de remedie wel eens erger kunnen zijn dan de kwaal. Een democratie moet in zichzelf de kracht vinden om haar verbale tegenstanders verbaal van antwoord te dienen en niet met repressieve maatregelen.

In antwoord op een van de vragen moet ik toegeven dat er inderdaad een groeiende kloof is tussen Vlamingen en Walen. We kennen elkaar niet, we praten niet veel met elkaar, we lezen mekaars kranten niet, we kennen mekaars popvedetten niet, we kijken niet naar mekaars televisie. Onze collega’s in Wallonië, waar extreem rechts nog vrij beperkt is, vragen zich af waarom de Vlaamse pers bijvoorbeeld niet méér doet met het gegeven dat de kleinzoon van Karel Dillen hand in hand stond met Léon Degrelle. Welnu, de Vlaamse pers heeft dat vijftien jaar geleden al geprobeerd en het heeft niet geholpen.

Wij vragen de Waalse pers dat ze probeert te begrijpen waarom één miljoen Vlamingen stemt op de partij van Dillen. Dat is niet omdat één miljoen Vlamingen de brandende ambitie heeft om morgen kampbewaker te worden in Dachau. Daar zijn andere redenen voor. Bij dergelijke discussies merken we dat we niet op dezelfde golflengte zitten. Het enige wat men dan kan doen is initiatieven nemen zoals dit colloquium; men moet mensen met verschillende inzichten en achtergronden bijeenbrengen, de grote vragen laten stellen en met de hulp van de wetenschap het vermogen proberen te herwinnen om zichzelf in de plaats van de anderen te stellen.

M. Delruelle. – Je voudrais répondre à M. Desmet qui ne semble pas avoir compris mon propos. Peut-on se mettre à la place de ceux qui ne se mettent pas à la place de l’autre ? C’est exactement ce que je propose de faire. Cependant, il faut opérer une grande distinction entre les individus et les groupes, les partis, car si on peut ou, plutôt, si on doit se mettre à la place de l’électeur du VB ou du FN, à la place de celui qui dit qu’il y a trop d’arabes, pour comprendre son angoisse, sa peur, ses inquiétudes, la question n’appelle pas la même réponse pour les groupes et les partis.

En effet, dès que cette expression prend une forme collective, partisane, institutionnelle, qu’elle devient celle d’un groupe, puisque la démocratie c’est l’institution de groupes et de partis, la moindre des choses me semble être que la démocratie s’en prémunisse, à moins qu’elle n’accepte de s’autodétruire. Il faut faire respecter les règles du jeu démocratique. Au football, par exemple, on n’accepte pas les boxeurs. C’est élémentaire.

Quant au fossé entre la Flandre et la partie francophone du pays, je crois qu’il s’agit d’une réalité inquiétante, indépendamment des problèmes dits communautaires ou institutionnels. L’intervenante a eu raison de le souligner.

Cependant, s’il est un endroit où ce fossé, cette opposition, est le moins grand, c’est dans le milieu scientifique. Pour l’anecdote encore, Kant n’est pas un philosophe français mais allemand. Il appartient donc autant à l’univers de mes collègues flamands que francophones.

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De heer Andy Vermaut.– Ik wil even reageren op wat daarnet werd gezegd. Elke Vlaming vindt het een schande dat er in Vlaanderen veel flitspalen staan en in Wallonië bijna geen.

Ik heb de indruk dat de media die mensen belonen die de verschillen tussen de gemeenschappen in dit land uitvergroten. Als er morgen een politicus opstaat om te zeggen dat hij de pensioenen wil regionaliseren, dan staan alle media voor hem te springen. Als ze voortaan eens anders tewerk zouden gaan en Vlaanderen systematisch vergelijken met de minst welvarende regio in Duitsland, dan zouden ze evengoed een soort haat tussen die twee regio’s creëren.

Ik zie hetzelfde fenomeen in het Parlement. Toen Franstalige volksvertegenwoordigers in de kamercommissie het woord namen over Brussel-Halle-Vilvoorde, verdween de Vlaamse pers plots naar de koffiekamer. Bij de RTBf is er naar mijn gevoel wel meer aandacht voor Vlaamse standpunten dan andersom bij de VRT. Ik vind het een jammerlijke evolutie dat het nationalisme wordt beloond en de solidariteit wordt ontmoedigd. Een aanval op de andere gemeenschap wordt altijd beloond. De vraag is hoelang dit werken met stereotypen kan blijven duren. Moeten de media zichzelf niet eens kritisch onderzoeken?

Dit alles heeft ook te maken met de spektakelwaarde van wat een politicus vertelt. Als morgen een politicus zegt dat hij het artikel over de gelijkheid van alle Belgen uit de Grondwet wil schrappen, dan krijgt hij gegarandeerd alle tv-camera’s van het land aan zijn deur. Dan krijgt die persoon met zijn extreme racistische en fascistische standpunten een beloning, alleen omdat zijn standpunt afwijkt van wat gangbaar is.

Aan mijnheer Desmet wil ik daarom vragen of hij er niet voor kan zorgen dat de media ons eindelijk eens op een deftige manier informeren over wat er gebeurt aan de andere kant van de taalgrens.

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De heer Yves Desmet. – Je moet natuurlijk altijd oppassen met containerbegrippen. Ik zit hier niet namens "de" media. Er zijn goede en slechte politici en er zijn goede en slechte journalisten. We zijn niet één homogene massa, die luistert naar één baas. Zelfs al had ik een oplossing, ik zou ze niet eens kunnen opleggen.

Het probleem waar de heer Vermaut naar verwijst, bestaat erin dat de media uitvergroten wat eigenlijk al in onze instellingen verankerd zit. We zijn het enige federale land waar politici niet federaal verkozen worden. Iedere politicus in dit land moet alleen verantwoording afleggen tegenover zijn eigen gemeenschap. Ik kan niet stemmen voor Di Rupo en dus niet zeggen of ik hem goed of slecht vind, net zomin als de Waalse kiezers kunnen laten blijken of ze mijnheer Verhofstadt een goede of slechte premier vinden. Hij komt nu eenmaal alleen in Vlaanderen op. Het systeem zorgt ervoor dat de politici zich alleen richten tot een Vlaams of Waals kiespubliek, zodat Vlaamse kandidaten zich nog Vlaamser opstellen dan ze al zijn en Waalse kandidaten nog Waalser dan ze al zijn. Zo vergroten ze bijna noodzakelijkerwijze de conflicten en de misverstanden, want alleen daarmee kunnen ze electoraal scoren. Een oplossing zou kunnen zijn om de Senaat opnieuw nationaal te laten verkiezen. Dan krijgen we minstens een groep politici die hun stemmen in het hele land moeten halen en die bijgevolg niet het conflict maar de consensus moeten nastreven, want alleen daarmee kunnen ze stemmen vergaren in het andere landgedeelte. Misschien kan deze wijze kamer op die manier een tegenwicht vormen voor het mechanisme waarvoor de heer Vermaut terecht zoveel angst koestert.

M. Benoît .- Cette journée fut particulièrement riche en raison des thèmes abordés. La manière dont les travaux se sont déroulés renvoie à ce que M. Delruelle disait tout à l’heure sur la pluralité des points de vue. Mais je précise d’emblée que la multiculturalité était travaillée davantage du point de vue journalistique que de celui de la diversité des communautés.

Un sujet a occupé une part importante des débats, particulièrement lors des questions adressées aux intervenants. Il s’agit du recrutement des présentateurs de télévision et de leur représentativité d’un point de vue de communauté d’origine. La place prise par ce sujet a quelque peu obscurci le débat, comme c’est généralement le cas quand une question revient de façon récurrente. Une telle question peut-être le symptôme d’autre chose et, en l’occurrence, cacher la manière dont la multiculturalité est perçue aujourd’hui.

Il est apparu assez nettement dans bon nombre d’interventions que la multiculturalité était évoquée et analysée dans un moment de transition, en quelque sorte. Il est révélateur de constater que la télévision ou internet sont les médias les plus cités dans le cadre de ce thème.

Dans l’histoire du journalisme, qui est récente, la manière dont les journalistes exercent un rôle de pilier de la démocratie, était, dans les débats que nous avons eus, effacée au profit d’une immédiateté, d’un présent dans lequel cette question des présentateurs trouvait une place plus importante qu’il convient.

Il est tout à fait intéressant de noter que, sur cette question de la multiculturalité, les différentes interventions se sont centrées sur le local et sur le global, sans que l’on réalise où l’on situait son interrogation. Le local c’est ce qui se passe dans nos communautés, dans notre État ; le global c’est la question d’une actualité tout aussi brûlante, des identités d’un point de vue international et d’un point de vue de différences raciales, philosophiques ou religieuses.

Le contexte particulier que l’on a déjà évoqué à plusieurs reprises ce matin était très présent dans ces travaux. Je pense évidemment qu’il est très marqué par des questions communautaires et sur la montée de l’extrême droite. Mais en arrière-fond se situe en permanence la manière dont les médias internationaux nous parlent du monde depuis le 11 septembre.

On constate à travers les nombreuses questions qui ont été posées que la multiculturalité a été abordée d’un point de vue inattendu, celui de l’économie des médias. On a ainsi rappelé qu’une tendance – condamnable déontologiquement, même si la question demanderait quelques nuances – des médias à désigner l’origine d’un délinquant allait de pair – que ce soit d’un côté ou de l’autre de la frontière linguistique – avec des succès commerciaux de presse et qu’effectivement signaler l’origine montoise, gaumaise ou gantoise d’un délinquant ne viendrait peut-être pas à l’idée de journalistes qui fonctionnent dans un modèle davantage sensationnel mais également peut-être plus rentable.

Toujours en ce qui concerne l’économie de rédaction, la gestion de rédaction, on a beaucoup discuté de la question du recrutement qui est apparue très intéressante parce qu’elle est éclairée de plusieurs points de vue. Plusieurs journalistes ont noté que la question n’était pas encore tout à fait cadrée. Lorsqu’on regarde la télévision aujourd’hui, on se rend compte que, de temps à autre, un présentateur est manifestement d’origine étrangère. Cette question est prise en compte aujourd’hui par les médias. On s’est rendu compte qu’elle correspondait aussi à une désignation d’origine communautaire, avec une bipolarisation entre deux points de vues. Un point de vue économique qui consiste à donner à chaque part du marché une représentation de son existence, y compris médiatiquement, mais aussi, à aller plus loin que cette simple fonction d’étiquette.

Pour faire référence à ce qu’a dit Edouard Delruelle ce matin, on a noté à plusieurs reprises que l’égalité ce n’est pas simplement la représentation proportionnelle. Ce n’est pas en désignant telle ou telle communauté et en la montrant à l’écran qu’elle a pour autant accès à l’égalité. On a noté également que, dans cette possibilité de rédaction proportionnelle, il y avait des choix tout à fait intéressants. Je reprends à nouveau les mots d’Edouard Delruelle « se mettre à la place de l’autre ». Utiliser un journaliste qui n’est pas d’origine belge première, est-ce uniquement une question de « politiquement correct » ou est-ce la possibilité d’avoir un traitement rédactionnel qui fasse place à une communauté, pas simplement pour la représenter, mais pour en faire sentir les spécificités et lui donner une voix qui ne soit pas celle de la marginalité, mais la voix de ceux qui ont une place, de plein pied, dans un média, généraliste ou spécialisé, mais un média classique ? Cette possibilité de sortir les cultures et les identités des ghettos a été assez longuement discutée.

Un autre aspect des débats m’a semblé tout à fait frappant, c’est une lecture que l’on pourrait qualifier d’un petit peu dépassée d’un point de vue idéologique et le terme est déjà, en soi, significatif. Cette lecture est celle des représentations dominantes à l’œuvre dans la couverture médiatique, ce que nous avons tendance à appeler le grand récit médiatique, la manière dont on nous raconte le monde.

C’est vrai que, d’un point de vue de la multiculturalité, on a parfois l’impression, de manière un peu naïve – c’est la sociologie des médias qui a porté à bout de bras, dans sa version vulgarisée, ce type de représentation – que la multiculturalité, aujourd’hui, c’était le fameux « village global » de Marshall Mac Luhan dans lequel chacun se donnerait la main et dans lequel chacun pourrait trouver son identité, sa représentation. Ce modèle sociologique qui date de la fin des années soixante a peut-être un peu vieilli. Certains sociologues ont, depuis longtemps, pris soin de montrer qu’à la place de ce modèle du « village global » que permettraient les nouvelles technologies, on doit peut-être davantage voir un entrelacs de réseaux nerveux traversés par un certain nombre de tensions, de frictions. C’est au sein de ces frictions que se définissent, aujourd’hui, les identités.

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André Linard, parent de l’expérience d’Info Sud et du réseau international Sifia – modèle très intéressant de circulation des informations entre journalistes, particulièrement africains, qui font remonter les informations vers les médias européens – a évoqué des sous-cultures. A la lecture de ces travaux, ce modèle me semble beaucoup plus révélateur que celui du fameux « village global » que nous vivons aujourd’hui.

C’est peut-être sous l’angle de la friction entre ces identités diverses, tant sur le plan international que national voire communautaire, que l’on peut essayer de déterminer le rôle du journaliste, la manière dont il peut travailler aujourd’hui.

D’une certaine façon, on constate que le modèle classique du journaliste est mis en cause, et les propos de M. Yves Desmet étaient très éclairants à cet égard. Quelle est la définition classique du journaliste ? Dans une démocratie, le journaliste a pour mission de rechercher la vérité et de la révéler. Il s’inscrit donc dans une rationalité relativement classique qui consiste à déterminer des enjeux politiques et en grande partie sociaux, à les mettre au jour, à les comprendre et à les vulgariser. C’est souvent ce modèle qui a été mis en cause dans les critiques adressées aux journalistes au cours des travaux, s’agissant de la multiculturalité. Cela ne me paraît guère étonnant.

Par ailleurs, les journalistes ne sont pas les seuls messagers des médias. La manière dont on construit et véhicule des représentations d’identités culturelles et d’autres communautés se forge davantage dans la fiction, et l’on pense évidemment au modèle de l’impérialisme culturel, modèle ancien mais toujours pertinent. À cet égard, il n’est pas inutile de rappeler que notre vision du monde arabe, par exemple, est en grande partie construite par la fiction, en particulier la fiction cinématographique américaine. Que l’on pense à la manière dont l’Afrique, l’Asie ou l’Amérique latine nous sont représentées au travers de ces productions, sans que l’on puisse pour autant dédouaner les productions européennes de ce genre de repli frileux sur des identités, repli peut-être confortable mais extrêmement dommageable quant à la perception du monde.

Le journalisme censé favoriser le décryptage est effectivement basé sur une rationalité relativement classique. Un des intervenants a évoqué l’exemple français du modèle du Black-Blanc-Beur, slogan mis sur le pavois par les politiques mais largement relayé par les médias à l’époque de la Coupe du monde de football en France. Cette équipe de football était censée montrer la fusion des origines ethniques, fusion dans « la liberté, l’égalité et la fraternité » pour reprendre les points cités ce matin par Edouard Delruelle. Or, chacun sait que depuis lors, cette représentation simplifiée d’un idéal national égalitaire a été battue en brèche par des sifflets et des bras d’honneur au moment où résonnait La Marseillaise dans un stade de football. Cet exemple montre qu’il peut y avoir une fracture. La multiculturalité ne peut faire l’économie du décryptage des tensions qui la construisent, sous peine d’être instrumentalisée.

J’en reviens à la question de la représentation culturelle parmi les présentateurs de télévision, dont nous avons beaucoup parlé. Sur CBS, CNN ou sur d’autres chaînes importantes, on voit parfois se succéder un Afro-Américain, une Américaine d’origine asiatique, une latino-américaine pour présenter les informations. Il faut savoir que cela ne part pas uniquement d’une intention louable sur le plan multiculturel mais que cela traduit un souci économique, à savoir le ciblage calibré de l’offre, pour qu’elle soit en adéquation avec le marché. D’où le risque d’une dérive vers un modèle de nature davantage économique que politique.

Il était intéressant de voir que certains journalistes issus de l’immigration défendaient leur fierté, bien légitime, d’être l’étendard de leur communauté d’origine alors que d’autres étaient surtout fiers d’être des journalistes comme les autres.

Quoi qu’il en soit, le fait d’être le porte-drapeau d’une communauté n’est probablement pas synonyme d’égalité. Face à la ligne de fracture qui a traversé les débats de la matinée, les intervenants ont esquissé diverses pistes principalement formelles, susceptibles d’améliorer, de ce strict point de vue, le système médiatique.

Le modèle classique, rationnel, de formation au métier de journaliste est remis en cause, ainsi que sa pratique. Les critères utilisés pour rendre compte du monde d’aujourd’hui sont-ils pertinents ? Yves Desmet a abordé la question ce matin. La manière de couvrir l’actualité politique est-elle conforme aux attentes du lectorat ? La sélection des informations opérée par les journalistes recoupe-t-elle vraiment les problèmes vécus par les lecteurs ?

Le problème est multiple. On a pointé les dimensions citoyenne et éducative, mais la compréhension par les citoyens des enjeux du débat politique ne relève pas des seuls journalistes. C’est également une responsabilité individuelle et certainement une responsabilité de l’enseignement. L’éducation aux médias, qui fera l’objet d’un autre rapport, est-elle suffisamment présente dans les programmes scolaires ? L’accès à la profession de journaliste est-il vraiment égalitaire ? La frange culturellement défavorisée de la population est vraisemblablement pénalisée par le système classique de sélection au premier cycle du cursus universitaire...

Nous avons aussi examiné des propositions concrètes. À cet égard, les actions entreprises par la fondation Roi Baudouin ont retenu toute notre attention. Je songe en particulier au programme expérimental de journalisme citoyen et aux efforts consentis pour que des journalistes puissent séjourner quelque temps dans les rédactions de l’autre communauté linguistique. La démarche s’est avérée payante en termes de mobilisation et de prise de conscience des rédactions. Elle a parfois abouti à des embauches.

Mais il en est ressorti également une difficulté – que je qualifierais de structurelle – des rédactions à se plier à ce type d’expériences. Je parle du fonctionnement normal, classique, pas uniquement économique, d’une rédaction dans sa conception fondatrice et traditionnelle. Toujours est-il que ces expériences sont apparues comme relevant de ce qu’on appelle classiquement, selon le modèle de communication, la piqûre hypodermique. Ce sont des éléments ponctuels, sans retentissement durable.

Le deuxième modèle évoqué – j’en ai déjà parlé – est beaucoup plus impositif, en ce qu’il se fonde sur la nécessité de l’action. D’aucuns évoquaient la possibilité d’imposer aux rédactions – par le biais des engagements – des quotas de représentation culturelle. Imposer aux services publics une mission supplémentaire de cet ordre pourrait sembler intéressant aux yeux de certains, mais il est rapidement apparu difficile d’imposer une telle répartition dans d’autres types d’entreprises médiatiques.

Il est utile – également pour faire le lien avec d’autres interventions de ce matin – de rappeler le contexte économique dans lequel vivent pas mal de rédactions, qui éprouveraient des difficultés à amortir l’ajout d’un certain nombre de contingences.

La troisième voie me semble plus intéressante. Notamment fondée sur la formation, elle renvoie à ce que je disais au sujet de la rationalité journalistique. Une place est-elle faite, au sein des formations journalistiques, à la connaissance de la multiculturalité ?

Les réponses varieront évidemment selon les lieux de formation. Cette dimension est nécessairement présente – d’ailleurs parfois de façon tout à fait spécifique – dans les modèles de formation actuels. Elle nous renvoie en tout cas à la question du modèle général du journalisme. Sommes-nous dans un modèle de reproduction ? Sommes-nous dans un système de production de « petits soldats du journalisme », pour reprendre l’expression quelque peu polémique utilisée en France ? S’agit-il de former des journalistes qui seront des producteurs performants, rapides et donc plus coûteux ? Ou cherche-t-on, au sein des rédactions, à disposer de journalistes caractérisés par une certaine autonomie intellectuelle ? Au sein de cette question d’une rationalité différente, c’est-à-dire non formatée mais autonome, la question de la multiculturalité a-t-elle sa place, y compris dans le cadre de la représentation quantitative de communautés diverses ?

Cette question débouche sur la problématique du recrutement. Ce matin, Jean-Jacques Jespers a évoqué le contexte de concentration et de manque de moyens dans lequel évolue le marché belge, exceptionnel par rapport à ceux des pays voisins. On ne peut pas scinder des questions aussi politiques, théoriques, voire abstraites telles que la multiculturalité et le traitement médiatique dans ses aspects les plus concrets, c’est-à-dire également ses dimensions pratiques : les possibilités d’engagement, de dégagement de forces rédactionnelles pour bénéficier de traitements différents. Pendant la pause de midi, un journaliste m’a indiqué à quel point il est difficile d’appliquer ce qui était évoqué ce matin. Proposer à une rédaction d’avoir un traitement de l’autre communauté n’entraîne pas nécessairement l’adhésion enthousiaste d’un éditeur, tant il est difficile d’opérer des choix.

Autre possibilité d’amélioration : l’autorégulation. Il est vrai que la multiculturalité a une dimension de représentation. On aurait pu citer ce point au sujet de la formation : apprendre à un journaliste à ne pas parler d’une communauté d’origine étrangère en termes stéréotypés, à ne pas faire le récit qui colle nécessairement à la représentation stéréotypée communément répandue. Ce sont des questions extrêmement importantes. Je le répète, ce sont les titres les plus souvent pris en défaut pour ce genre d’utilisation abusive, qui ont tendance à se porter le mieux sur le plan économique.

Il faut rappeler que la Communauté française de Belgique, malgré une part assez réduite de l’action du CSA et contrairement à la Communauté flamande, n’est toujours pas pourvue d’un conseil de presse et donc d’une autorégulation journalistique satisfaisante.

Au début de mon exposé, je vous ai parlé du passage incessant entre le global – l’international, le planétaire – et le local. C’est pourquoi j’évoquerai l’analyse que proposait Jean-Paul Marthoz, dans un ouvrage intitulé Et maintenant, le monde en bref. Cette analyse trouve toute sa pertinence dans de telles problématiques. Il proposait un traitement journalistique qu’il nommait «le glocal», c’est-à-dire une intersection entre le global et le local. Il proposait que les journalistes sortent de la rationalité habituelle, quelque peu stérilisante. Ce qui se produit au plus près du lectorat ne serait plus traité dans un repli frileux souvent à l’origine d’un certain nombre de réflexes et de représentations ; on l’a vu ce matin, notamment au travers d’analyses sociologiques. On sortirait de ce qui est proche de nous pour voir en quoi ce que nous vivons a un impact sur le lointain.

C’est très vrai pour une Communauté française de Belgique ou pour une Communauté flamande. On a suffisamment évoqué ce matin la scission qui existe entre ces deux communautés, au point que les médias ne relatent même plus ce qui se passe de l’autre côté de la frontière linguistique. C’est tout aussi vrai pour des enjeux politiques qui, en général, paraissent terriblement désincarnés, lointains. On pourrait citer les chiffres affolants de lecture des pages internationales des quotidiens et montrer en quoi les informations contenues dans ces pages ont un intérêt pour nous.

La multiculturalité n’est pas qu’un enjeu de société. D’un point de vue peut-être plus réduit mais tout à fait intriqué dans le premier, c’est également un enjeu fondamental pour le journalisme. Au travers du questionnement sur sa pertinence, sa place et même le succès commercial qu’il peut encore rencontrer aujourd’hui, il faut se réinterroger sur son rôle de véritable moteur de la démocratie et sur la manière dont il offre un contenu qui amène à réfléchir et pas seulement à renforcer des représentations stéréotypées.

Un intervenant. – On a beaucoup parlé de la qualité de l’information et donc de la qualité du journaliste, mais cette qualité a un prix. Les chauffeurs du TEC font grève pour obtenir, notamment, une revalorisation de leur salaire mensuel de 1.600 euros nets par mois. Le public doit savoir qu’un journaliste débutant ne jouit pas d’un tel salaire.

Aujourd’hui, un journaliste performant doit avoir une formation universitaire et une bonne connaissance de l’environnement dans lequel il évolue, ce qui n’est pas toujours évident. Il faut généralement cinq, six ou sept ans de travail avant de produire une information de qualité. Le salaire proposé est de nature à décourager certaines bonnes volontés.

Mevrouw Staes (Centrum voor gelijkheid van Kansen en Racismebestrijding). – Ik wil het mondelinge verslag van de rapporteur graag aanvullen, want ik heb de indruk dat hij bepaalde elementen uit de hoorzittingen over het hoofd heeft gezien.

Zo herinner ik mij het verhaal van TV-Brussel en van Faroek Ozgunes, waaruit niet alleen bleek hoe belangrijk het is dat redacties allochtonen in dienst nemen, maar ook hoe moeilijk dat is. TV-Brussel en de VRT zijn via het verenigingsleven zelf actief naar kandidaten op zoek gegaan. Dat vond ik wel een tof initiatief.

De aanwezigheid van allochtonen op de redacties is ook van belang op economisch vlak, want zo wordt het mogelijk om een nieuw doelpubliek te bereiken dat anders wel eens via het internet een eigen website zou kunnen opstarten en via de interactieve televisie eigen media in het leven roepen in plaats van naar ons nieuws te kijken. Als de media dat uit het oog verliezen, is dat gevaar zeer reëel.

Allochtonen op de redactie kunnen ook een interessante invalshoek zijn voor de gewone berichtgeving doordat ze over andere netwerken beschikken, ze andere bronnen aanboren en andere achtergronden hebben. TV5 geeft er voor de berichtgeving over Afrika bijvoorbeeld de voorkeur aan om eigen correspondenten uit te sturen, dan wel om een beroep te doen op blanke nieuwsagentschappen.

Voor de beeldvorming over allochtonen zijn taalgebruik, foto-illustratiemateriaal en terminologie erg belangrijk. Tien jaar geleden werd dat overigens al vermeld in de aanbevelingen in verband met "Allochtonen en aanverwante berichtgeving", een initiatief dat destijds samen door de Journalistenbond en het Centrum werd genomen. Vandaag bestaat er interesse om terug met de journalisten te gaan samen zitten en uit te zoeken hoe actueel die aanbevelingen nog zijn.

De heer Andy Vermaut. – In welke mate kunnen de media de islamfobie en het antisemitisme helpen stoppen die voortvloeien uit het conflict tussen islam en jodendom? Kunnen zij geen gemeenschappelijke strategie ontwikkelen in plaats van oorlogje te spelen en de kleine criminaliteit van jongeren uit Molenbeek extra uit te vergroten?

Kunnen de media helpen voorkomen dat landen en volkeren die vechten voor de erkenning van hun eigenheid en onafhankelijkheid, worden beloond? We leven met een vijfduizendtal gemeenschappen samen in ongeveer 200 landen op deze wereld. Als morgen elke gemeenschap een eigen land wil oprichten, dan breekt uiteraard overal oorlog uit.

Het model is opgebouwd rond fictie en rond valse bewustwordingen van mensen. Ik kan dat allemaal wel begrijpen, maar het is ook zo dat de realiteit ook wordt opgebouwd vanuit de realiteit van de fundamentalisten. Sinds 11 september zijn meer en meer mensen anders tegen de allochtonen gaan aankijken. Ook het Vlaams Belang heeft belang bij die evolutie. Ik vraag mij af welke inspanningen de media doen om de wandaden tegen allochtonen op een genuanceerde wijze kenbaar te maken.

Het onveiligheidsgevoel heeft niet altijd te maken met de criminaliteit an sich. Het heeft ook iets te maken met de evolutie van de grondstromen in onze maatschappij. In welke mate houden de media in dit verband rekening met de verwetenschappelijking in onze maatschappij en nuanceren zij een en ander genoegzaam om het hoofd te bieden aan die onzekere gevoelens .

Het globale en het lokale met elkaar koppelen is alleszins interessant. De getuigenis van iemand die bijvoorbeeld Kosovo heeft bezocht, wekt altijd meer belangstelling dan die van een illustere onbekende.

Mme Martine Simonis, secrétaire nationale de l’AGJPB. – Je voudrais compléter ce que Lieve Staes du Centre pour l’Égalité des chances vient de dire. Il y a en effet plus de dix ans que nous avons travaillé sur une recommandation relative au traitement de l’information à propos des allochtones, qu’il s’agisse du contexte, de la manière d’en parler, du vocabulaire employé pour en parler. Ce travail va être remis à jour puisque le contexte a évolué en dix ans.

Je voudrais encore apporter une précision et peut-être une note d’espoir quant au conseil de déontologie. Du côté francophone, les travaux reprennent. Nous pensons aboutir d’ici la fin de l’année. Nous disposerons à ce moment-là d’une instance adéquate qui pourra édicter des règles de déontologie. Je rappelle que ce conseil a existé de 1995 à 2000 et a rendu une série d’avis.

Permettez-moi, enfin, de terminer par une boutade. Si on considère que la multiculturalité englobe la mixité, il faudra un jour se pencher sur la présence des femmes dans les rédactions et tordre le coup à certaines idées reçues : on a l’impression que les femmes sont bien présentes dans les rédactions alors que, sur l’ensemble des journalistes professionnels en Belgique, trois journalistes sur quatre sont des hommes. Seulement 25 % des journalistes sont des femmes, ce qui est très peu par rapport à leur nombre sur les bancs de l’école et à leur proportion dans la population des deux communautés de notre pays. La multiculturalité doit, selon moi, englober aussi les questions de mixité.

De heer Marc Hooghe. – De media in België staan minder ver dan de buitenlandse media wat het zichtbaar maken van de diversiteit betreft. Zichtbaar maken is zeer belangrijk zowel voor de minderheidsgroep die als rolmodel kan fungeren als voor de meerderheidsgroep als een constante opfrissing van het multiculturele karakter van de maatschappij.

Die achterstand is voor een deel te wijten aan het feit dat de gemeenschappen een marginale positie innemen ten opzichte van een groter taalgebied en hun identiteit krampachtig willen benadrukken. In Nederland zijn er Surinaamse nieuwslezers en bij de BBC worden alle gebieden van de Commonwealth vertegenwoordigd, maar in Vlaanderen lijkt de weerstand tegen allochtonen hardnekkiger te zijn. In Oostenrijk treft men een gelijkaardige situatie aan, wellicht omdat Oostenrijk ten opzichte van het Duitse taalgebied dezelfde positie inneemt als de Belgische gemeenschappen ten opzichte van het Nederlandse en het Franse taalgebied.

Er wordt terecht veel verwacht van de journalistieke opleiding. Er moet evenwel rekening mee worden gehouden dat het beroep van journalist openstaat voor mensen met de meest diverse achtergronden. In die zin heeft men weinig greep op wie zich aandient en de kwalificaties van de kandidaten.

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M. Benoît Grevisse, Observatoire du Récit médiatique de l’UCL, rapporteur « Multiculturalité et médias ». – Je remercie la représentante du Centre pour l’égalité des chances pour le complément d’informations qu’elle a apporté.

Elle a cité l’exemple de Télé-Bruxelles mais il en existe d’autres. Plusieurs quotidiens ont ainsi également eu l’idée de ce type de couverture locale, notamment à Bruxelles, faisant appel à des correspondants allochtones, ce qui permet un rapprochement de certaines communautés.

Ce problème est, il me semble, lié à l’enseignement, au recrutement et à la difficulté de parvenir au niveau de formation adéquat. Cela nous renvoie à la question délicate de la formation des journalistes et de l’adéquation au marché. Il est vrai que le niveau de formation est de plus en plus élevé.

Aux niveaux social et politique, les formations répondent de mieux en mieux aux exigences mais les journalistes qui arrivent sur le marché du travail au terme de cinq ou six ans d’études ne trouvent pas toujours, comme l’a dit Olivier Hostens, des conditions d’emploi à la hauteur de leurs espérances.

Ce n’est bien sûr pas le cas de tous les postes occupés par de jeunes journalistes mais il y a là un réel problème, comme s’efforce de le rappeler constamment l’AGJPB. Les pouvoirs publics ont aussi une responsabilité en la matière.

Je voudrais maintenant revenir à la question de la représentation des femmes qui a également été abordée lors des débats. Plusieurs journalistes ont noté que cette question s’est peut-être posée plus tôt dans un secteur un peu particulier, celui du journalisme sportif. Des gender studies cherchent à déterminer si les sexes sont bien représentés, que ce soit dans la manière utilisée par les médias pour en parler, ou, concrètement, par leur spécificité. Le fait que cette question se soit d’abord posée dans le domaine du sport est très significative. Ce n’est sans doute pas un sentiment de désapprobation face au faible nombre de journalistes sportives qui a amené à cette interrogation mais la prise de conscience de l’existence d’un marché inexploité.

On a envisagé de recourir à des présentatrice sportives, d’abord parce qu’elles sont peut-être plus avenantes que bon nombre de présentateurs pour un marché masculin, mais aussi pour que les femmes amatrices de sport puissent trouver quelqu’un en qui s’identifier. Le premier réflexe a été celui-là. En deux décennies, les rédactions ont vraiment été transformées par l’arrivée d’un nombre important de femmes. Or, on connaissait, dans le paysage médiatique belge, des rédactions auxquelles aucune femme n’avait accès, de notoriété publique.

En ce qui concerne le pouvoir des journalistes – ou non – de contribuer à une lutte, un combat contre l’islamophobie et toutes les stigmatisations de communautés, quelles qu’elles soient, on en revient aux mêmes questions.

Je pense – et d’autres l’ont dit ce matin – que la conscience journalistique de ces questions-là est vive. Pour avoir mené des études au sein des rédactions depuis de nombreuses années, je dirais que c’est le cas dans toutes les rédactions, y compris dans celles où, parfois, on peut se poser des questions sur le traitement médiatique de ce type d’information.

L’envie et l’intention de journalistes de proposer des traitement différents sont très présentes. Or, très peu nombreuses sont les rédactions dans lesquelles un journaliste peut prendre le temps de se rendre sur le terrain plutôt que de traiter tel ou tel sujet, comme tout le monde le fait, en reprenant les EVN etet et les dépêches, en toilettant un papier, comme on le dit en journalisme, parce que cela ne coûte par cher et que cela permet de passer rapidement à autre chose.

Très souvent, les journalistes souhaiteraient pouvoir aller sur le terrain, pour aller voir ces communautés, ou pouvoir, au-delà de l’attentat contre une synagogue, par exemple, comprendre non seulement ce qui vit une communauté juive à Anvers ou ailleurs mais aussi ce que vit la communauté désignée a priori comme étant à l’origine des faits ; bref, pour savoir de manière plus concrète, plus précise, plus humaine, ce qui se vit ou même, d’un point de vue d’investigation, pour savoir quelle est la réalité de cette désignation. Cela demande du temps et de l’argent pour en revenir toujours à cette même dimension. Or, nos rédactions n’en ont pas beaucoup, ni de l’un, ni de l’autre.

Mevrouw xxx (RITS en ex-VRT). – Er zijn heel weinig allochtonen in de hogere opleidingen die voorbereiden op beroepen in de media. Is het niet de taak van het secundair onderwijs de allochtone leerlingen te helpen bij het kiezen van een opleiding die hen een toekomst biedt in die sector? Ik veronderstel dat de keuze voor een beroep in de media binnen hun cultuur niet voor de hand ligt.

Het RITS en de toneelscholen tellen vrijwel geen leerlingen van allochtone oorsprong. Om die reden vinden ze geen werk in die sectoren. Soms worden lager opgeleide allochtonen ingeschakeld in fictieprogramma’s omdat er nu eenmaal allochtonen op het scherm moeten worden getoond.

Ik ben het ermee eens dat er een evenwichtige man-vrouw-mixiteit moet worden nagestreefd, maar ik pleit tevens voor mixiteit op het vlak van de leeftijd. Bij de BBC zijn er veel meer oudere journalisten werkzaam dan in ons land.

M. Benoît Grevisse - C’est à nouveau très vrai. On peut constater que, hormis les nombreux plans de restructuration d’entreprises médiatiques, un grand nombre de journalistes de valeur s’en vont, au bout de quelques années, vers des secteurs qui sont plus rentables que le secteur médiatique.

En ce qui concerne votre remarque sur les auditoires et leur composition, si vous venez à l’école de journalisme de Louvain, vous constaterez qu’il y a de nombreuses personnes d’origine étrangère.

Effectivement, ce sont des personnes qui viennent dans le cadre de la coopération ou des programmes Erasmus. La réforme de Bologne, positive à plusieurs égards, provoque notamment un brassage culturel qu’on ne connaissait pas auparavant.

Reste la question de la moindre présence des allochtones qui me semble due à deux facteurs. En premier lieu, la sélection à l’université ou dans les hautes écoles, ces formations laissant peu de chance à des milieux moins favorisés où l’échec est souvent définitif et, en second lieu, le fait que les métiers de communication demandent une maîtrise parfaite de la langue et de la culture dominante.

Ce sont des éléments plutôt formels qui ne laissent peut-être pas la place, ni le temps, à une personne défavorisée par ces deux facteurs de montrer quelles sont ses réelles qualités. C’est cela qui se joue.

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De heer Nico Carpentier (KUBrussel en VUB). – Ik breng verslag uit van de studiedag Mediavorming van 26 april 2005. De aanwezige sprekers waren: Leen d’Haenens, hoofddocent communicatiewetenschappen; Thierry Desmedt, lid van de Conseil de l’éducation aux médias; Alex Fordyn, algemeen directeur van de Vlaamse dagbladpers; Margaret Boribon, secretaris-generaal van de Journaux francophones belges (J.F.B.); Martine Simonis, nationaal secretaris van Association des journalistes professionnels; Rik Van Cauwelaert, hoofdredacteur van Knack; en Jean-Paul Marthoz, internationaal directeur informatie van Human Rights Watch.

Ik zal trachten de uiteenlopende meningen van dit zevenkoppig meerstemmig koor zo goed mogelijk weer te geven.

De basisvraag was: Hoe kan de democratie worden versterkt ?

Ik ben zo brutaal geweest er volgende vraag aan toe te voegen: Welke rol kunnen de media spelen en welke rol speelt de vorming, niet alleen op het vlak van media, maar ook van democratie ? Alvorens die complexe vragen te beantwoorden, wil ik vanuit mijn perspectief benadrukken waarom die media zo belangrijk zijn.

Er is al voldoende benadrukt dat de media een heel belangrijke informatiebron zijn. Ik wil beklemtonen dat ze tegelijkertijd een bron van amusement en plezier zijn. Dat wordt vaak vergeten. Ze zijn niet meer die oude, paternalistische informatiesystemen die met opgeheven vinger vertellen wat we moeten doen. Ze zijn onze transmoderne leraars geworden die ons een veelheid aan beelden, representaties en informatie aanbieden. Ze zijn tevens een ruimte voor debat, dialoog en discussie. Ze zijn dus het venster op de wereld, alleen het glas van dat venster is niet zo perfect. Het boek The known world of broadcast news, in 1990 geschreven door Roger Wallis en Stanley Brannan, geeft een analyse van hoe de Britse audiovisuele media rapporteren over de wereld en hoe ze ons de wereld anno 1989 aanbieden. Op de voorpagina van dat boek kun je zien hoe één derde van Afrika in beslag wordt genomen door het land Starving Africa. Verder ontdek je dat er een land Zeebrugge is ontstaan – het was periode van het zinken van de Herald of Free Enterprise – , dat in Europa de bedreigende stad Brussel omgeven wordt door het al even vijandige land European Community, en op de kaart zijn zowel de grote Falklands als de kleine Malvinas terug te vinden. Dat is een beeld dat media aan ons aanbieden. Uiteraard geloven we niet in dat soort kaarten. Ik wil benadrukken dat het publiek een heel grote vrijheid heeft om dat soort beelden te interpreteren om ermee om te gaan vanuit de eigen kennissystemen. Media zijn geen hypodermische naalden die in onze hoofden binnendringen en ons wijsmaken wat ze willen. Het publiek heeft een eigen inbreng.

Het maatschappelijke belang, dat ik niet wil ontkennen, kan wel als vertrekpunt dienen voor een discussie over verantwoordelijkheid. Maatschappelijk belang roept een maatschappelijke verantwoordelijkheid op. Ik volg daarin wat Leen d’Haenens tijdens de workshops heeft gezegd. Zij wijst erop dat er heel wat vormen van verantwoordelijkheid zijn, marktverantwoordelijkheid en politieke verantwoordelijkheid, maar vooral de professionele verantwoordelijkheid, die via zelfregulering werkt, en de publieke verantwoordelijkheid via discussie en dialoog.

We mogen natuurlijk niet vergeten dat de media in een vermarkte context functioneren. Rik Van Cauwelaert, hoofdredacteur van Knack, zei in onze workshop dat de ontzuiling, de ont-ideologisering, de markt de vrije hand heeft gegeven. Vandaag heeft de markt een prominente rol in de media. Die contextuele opmerking mogen we niet uit het oog verliezen.

Ik zal nu ingaan op de heel diverse standpunten en stellingnames die tot uiting kwamen tijdens onze workshop. Een aantal deelnemers wezen op het belang van educatie. Het educatieve systeem is deels gericht op burgerschapsvorming, het aanleren van een aantal concepten over het politieke systeem, en deels op mediaeducatie, namelijk het bespreken van de verschillende mediacomponenten. Dat zijn twee totaal verschillende discussies, ook al worden de media bij de burgerschapseducatie vaak gebruikt als vindplaats. Het bespreken van krantenartikelen is immers een dankbaar uitgangspunt om over politiek te spreken, ook in lessen.

Daarnaast werd gewezen op het belang van de beelden die de media ons aanreiken. Vanuit een sociologisch invalshoek wordt vaak de term socialisatie gebruikt. Ik gebruik liever de ruimere term leren: het leren over politiek, het verkrijgen van politieke informatie, maar ook het blootgesteld worden aan beeldvorming, aan representaties van dat politieke systeem.

Tenslotte vermeld ik nog het belang van mediaparticipatie. De mensen leren immers veel door te doen, door te handelen. Democratieparticipatie kan ook worden geleerd door te participeren, door concreet de democratie te beoefenen, ook binnen de media.

De conclusies van onze workshop over de educatieve vorming door de media waren relatief pessimistisch. Ze worden door Thierry Desmedt als volgt samengevat: "On [de educatieve vorming door de media] l’utilise comme un moyen de se documenter plus que comme un outil de réflexion". De media zijn meer een vindplaats, dan een middel voor reflectie.

Jean-Paul Marthoz, die vooral over het educatieve systeem heeft gesproken, benadrukte vooral dat het verwerven van kritische competenties van absoluut belang is. Volgens hem moeten leerlingen zo vroeg mogelijk vertrouwd geraken met wat de media ons kunnen "aandoen". Hij benadrukte ook dat educatie niet alleen via de school verloopt. Hij beklemtoonde ook dat het belangrijk is álle media te raadplegen.

Televisie is een dominant medium, maar er zijn andere zaken die nauw aansluiten bij de leefwereld van jongeren, zoals computerspelletjes, het internet en ook alternatieve media. Ook populaire cultuur is een belangrijke vindplaats van ideologie en van betekeniskaders die verdienen om geanalyseerd te worden en die ook in dat educatieve proces opgenomen moeten worden. Het voorbeeld dat Jean-Paul Marthoz gaf, ging over de Rambo-films. Hij zei: ‘Après la série des Rambos, les jeunes américains ne seraient pas loin de croire que les Etats-Unis ont gagné la guerre du Vietnam’. Het is een mooie illustratie hoe ook in fictie ideologische denkkaders aanwezig kunnen zijn en aan bod moeten komen in media-educatie. Media-educatie is dus geen neutrale operatie. Het is niet afstandelijk analyseren wie welke persgroep controleert. Het is een analyse van wat democratie is én van wat de machtsverhoudingen in een democratie zijn.

Jean-Paul Marthoz waarschuwt ook voor de beperkingen van het educatieve systeem. Hij beschrijft de illusie als volgt: ‘Si le public savait lire et décoder les médias, les journalistes ne nous auraient pas menti sur la guerre du Golfe.’ Zelfs al is je publiek mediamondig, dan heb je nog niet noodzakelijk het hele mediasysteem veranderd. We moeten het mediasysteem en het educatieve systeem dus op een geïntegreerde manier bekijken.

Ik zal nu een aantal projecten voorstellen met betrekking tot het educatieve denken. Margaret Boribon stelde het project ‘Journal de bord’ voor. Dat is net zoals ‘Kranten in de klas’, dat werd vermeld door Alex Fordyn, een project waarbij kranten in de klas worden binnengebracht, niet om over de media te praten, maar wel over de actualiteit. Dat vind je ook terug in de bevindingen van het project van de JFB ‘Ouvrir mon quotidien’: de belangrijkste factor is het bespreken van de actualiteit in de klas, en niet het mediasysteem.

Een ander project van Martine Simonis bestond erin journalisten in de klas uit te nodigen. Daaraan werkten 177 journalisten mee en bijna 25.000 leerlingen traden met hen in dialoog in een poging om het functioneren van de media scherper op de agenda te krijgen.

Ook in de alternatieve media bestaan dergelijke projecten. Er is al verwezen naar de projecten van de Koning Boudewijnstichting. Het mediacircus dat mee door Indymedia is georganiseerd bestond erin dat vooral allochtone jongeren de kans kregen om zelf videoreportages te maken om door die hands on experience zelf geconfronteerd te worden met wat de werking van de media betekende. Ondertussen is dat mediacircus uitgegroeid tot de vzw GetBasic die zich uitdrukkelijk richt op mediaeducatie.

Op www.getbasic.be worden alternatieve benaderingen van mediaeducatie voorgesteld. Tot daar het educatieve aspect dat veel aandacht kreeg van de workshop.

In verband met het mediasysteem zijn er twee belangrijke discussies: de participatie aan een democratische samenleving via de media en de participatie binnen de media. Rik Van Cauwelaert is hierover niet erg optimistisch: "De mediasector is momenteel niet echt bezig met zijn rol inzake burgerschapsvorming. De meeste actoren zijn vooral bezig met het eigen behoud."

Voor de participatie via de media is informatie één van de sleutelelementen. Uit de grafiek van Alex Fordijn blijkt dat bijzonder veel mensen op verschillende momenten worden blootgesteld aan informatie. Wat is echter de democratische kwaliteit van de informatie? In de praktijk stellen we vast dat de prachtigste programma’s worden gemaakt, dat de prachtigste teksten worden geschreven, maar dat de democratische ruimte in het media-aanbod nog veel kan verbeteren.

Mijn pleidooi omvat een vijftal punten. Yves Desmet wees al op het belang van positieve informatie. Hij zei dat dit land geen Sodoma en Gomorra is, maar dat er ook vele positieve zaken gebeuren. Ik heb het belang van positieve informatie ook in mijn typologie opgenomen. Ik bedoel daarmee niet ik alle negatieve, kritische informatie wil zien verdwijnen. Ik pleit alleen voor een beter evenwicht tussen een positieve benadering en kritische informatie.

Tegelijk pleit ik voor begrijpelijke en toegankelijke informatie zonder in simplismen te vervallen en expertkennis te verwaarlozen. Ik onderstreep het belang van contextualisering waardoor politieke gebeurtenissen in een breder kader worden geplaatst.

Ik pleit ook voor meer informatie die sociale interactie bevordert. Heel wat informatie die we nu te zien krijgen, is sterk geënt op het politieke systeem in de enge zin. Het middenveld, de civil society, dreigt van de journalistieke agenda te verdwijnen.

Ik pleit voor meer structurele en kritische informatie, voor onderzoeksjournalistiek. Ik onderschat het belang niet van human interest en een meer gepersonaliseerde benadering. Het persoonlijke is soms politiek, om eens een slogan uit de feministische kast te halen. Representaties van het persoonlijke hebben soms publieke relevantie. De nood aan structurele informatie over een aantal maatschappelijke processen is en blijft echter een van de belangrijke vereisten voor democratische kwalitatieve informatie.

Een volgende punt is de politieke beeldvorming. De media hebben de neiging veel te veel op zichzelf te focussen. Dat geldt zowel voor de commerciële logica als voor de logica inzake productie. Ze zouden veel meer gericht moeten zijn op het publiek en de gemeenschap, die al te vaak naar de achtergrond verdwijnen.

De media zouden zich ook veel meer moeten richten op oplossingen. Media hebben de neiging om het politieke systeem in een conflictkader te plaatsen, terwijl oplossingsgerichte kaders evenzeer mogelijk zijn. Ook de stereotiepe beeldvorming is een probleem dat kan worden opgelost door de introductie van een meer pluriforme beeldvorming, waarbij wel respect wordt opgebracht voor de enorme maatschappelijke diversiteit.

Ten slotte roepen we de media ook op om de absolute neutraliteit tegenover de democratie niet te radicaliseren. De media moeten een heel duidelijke ondersteunende rol aannemen in het democratische proces in zijn geheel.

Leen d’ Haenens pleitte in haar betoog voor enkele zeer concrete oplossingen. Ten eerste onderstreepte ze het belang van mediamonitoring. Ze verwees in dit verband uitdrukkelijk naar Mediawatch. In mijn zoektocht ben ik op talrijke activistische en academische websites gestoten die stuk voor stuk de ambitie hebben de media te monitoren. Het zou jammer zijn mocht alleen het nieuws worden doorgelicht. Ook buiten de journaals zijn er tal van betekenisvolle beelden.

Een ander idee van Leen d’Haenens was de nood aan publieke reflectie – public hearings – en mediavisitaties. Hierbij lichten experts de werking van de media zeer concreet door. Ook dit is een manier om het democratisch en representatief gehalte van de media te bewaken.

Een laatste, belangrijke thema is de mediaparticipatie. Burgerschapsvorming, mediavorming en democratische vorming zijn ook mogelijk door de media open te stellen en niet enkel voor te behouden voor een elite. In bepaalde programma’s moet gewone leden van de civiele maatschappij de mogelijkheid worden geboden om te participeren.

Het belang van participatie, zowel in het proces als in het eindproduct, moet worden benadrukt. In een talkshow als "Jan Publiek" discussieerde een breed publiek, samengesteld uit verschillende lagen van de bevolking, over maatschappelijk relevante thema’s. Heel wat van die participanten werden door de mediaprofessionals als partners beschouwd en niet als vreemde indringers die niets van het mediasysteem afweten.

Heel wat participatieve projecten zijn echter problematisch. Het risico daarbij is dat er pseudo-participatie ontstaat, waar de betrokken partijen, gewone mensen die aan die projecten deelnemen, helemaal niets in de pap te brokken hebben en geen enkele impact hebben op die zelfrepresentatie. Een van de sterkste projecten in het veld van mediaparticipatie in specifieke programma’s is het project van de BBC, video nation, dat erin bestond om aan een hele reeks mensen camera’s uit te lenen zodat ze zelf beelden konden opnemen, die dan werden uitgezonden op BBC 2. Dat is een mooi voorbeeld van mediaparticipatie waar niet alleen de betrokken actoren zelf de kans kregen om te leren wat het is media te maken, en te leren wat het is te debatteren in een concrete televisiecontext, maar waar dat ook op het scherm te zien was. Plotseling waren die gewone mensen wel belangrijk genoeg om op televisie te komen en om een mening te hebben. Zulke projecten zijn spijtig genoeg schaars.

Tenslotte zijn er ook heel radicale vormen van mediaparticipatie. De zachtste radicale vormen zijn de media-ombudspersonen die als een bemiddelaar optreden tussen het publiek en de mediaorganisatie of het programma. Dat is een vorm van structureel en op een geïntegreerde manier omgaan met feed-back – in tegenstelling tot het beantwoorden van de individuele lezersbrief of de individuele telefoon. Een andere vorm zijn de media- of de projectspecifieke adviesraden. Voor het Vlaams landsgedeelte werd verwezen naar de Raad voor de Journalistiek die deze ombudsfunctie in feite gedeeltelijk uitoefent.

In de sfeer van de alternatieve media zijn er ook de participatieve media die nog heel sterk basisdemocratisch werken. Radio Centraal bijvoorbeeld is één van de zeldzame radio’s, community radios, die nog op een heel participatieve manier functioneert en waarvan ook mainstream media heel veel kunnen leren op het vlak van organisatie van mediaparticipatie.

De meeste participatieve projecten vinden vaak buiten de traditionele media plaats. De nieuwe media worden gezien als een van die belangrijke plaatsen waar participatie een plaats kan krijgen. Gedeeltelijk kan ik Thierry Desmedt en Rik Van Cauwelaert hierin bijvallen. Het zijn ruimtes waar heel veel interactie mogelijk is en waar mensen zelf journalist kunnen worden. Rik Van Cauwelaert verwees naar processen van eigen nieuwsgaring via de zogenaamde weblogs of blocks. Het zijn plaatsen waar mensen zelf journalist kunnen zijn en zelf informatie kunnen aanbieden. Tegelijkertijd ben ik heel voorzichtig om de zogenaamde oude media op te geven. De traditionele mainstreammedia, zoals televisie, kranten, radio, zijn eveneens plaatsen waar participatieve projecten kunnen plaatsvinden. Een van de basisvoorwaarden daarvoor zijn financiële ondersteuning en expertondersteuning. Ook journalisten moeten leren participatief te werken.

Er zou een fonds voor mediademocratisering moeten komen dat precies als doel heeft een aantal van dergelijke zeer dure projecten, die vaak wegens redenen van tijd, financiën of expertise, niet kunnen doorgaan, mee te helpen ondersteunen op die drie vlakken. De media als organisatie, als instituut kunnen dan een meer democratische en participatieve rol op zich nemen.

De heer Marc Liebaert. – Ik ben opleidingscoördinator van het RITS.

Ik ben blij dat er iets "óver" de media gebeurt. Probleem is dat er "ín" de media heel weinig gebeurt. Mijn grootste zorg bij het opleiden van studenten – die op hun beurt ook mij opleiden – is het creëren van ervaring. Eigenlijk moeten we er ook voor zorgen dat de toeschouwer, het publiek, de participant, zelf ervaringen kan creëren. Dat is heel belangrijk, maar natuurlijk is dat een heel moeilijke stap. Daar wil ik voor vechten. Reflectie is nodig, maar we moeten ook oproepen tot actie. Mediamakers moeten ervoor zorgen dat mensen kunnen reageren. Belangrijk is dat we voor het publiek innoverende en transformerende ervaringen creëren. De middelen zijn er nu. We moeten mensen niet altijd leren hoe ze het moeten doen, ze zullen dat zelf wel ervaren.

De heer Vermaut. – Van de voorgeschiedenis die de heer Carpentier heeft geschetst waren wij niet echt op de hoogte. Ik begrijp ook niet goed het verband. Dit laatste stuk vond ik eigenlijk minder interessant dan de vorige, ook al vond de heer Nimmegeers dit boeiender gebracht. Ik heb eens in de zaal rondgekeken en af en toe zag ik mensen indommelen. Ik heb het ook kwaad gehad. Ik zou toch even proberen te werken aan de manier waarop bepaalde zaken naar voren worden gebracht.

De heer Staf Nimmegeers, medevoorzitter-moderator. – U mag ook niet vergeten dat we zo’n zes uur bezig zijn en dat we misschien vanmiddag een glas wijn of een biertje hebben gedronken.

Une intervenante. – J’interviendrai d’abord en tant que rédactrice d’ « Espace citoyen », un site de vulgarisation de l’information à destination des jeunes. Il est en effet pertinent d’évoquer les différentes sphères – enseignement, médias, monde associatif – mais peut-être devrions-nous insister davantage sur les liens qui pourraient se créer entre elles et encourager les initiatives afin d’éviter que chacun ne travaille que pour soi.

J’interviendrai ensuite en tant qu’ancienne étudiante en journalisme en disant qu’il est important que les jeunes qui s’orientent vers cette profession sachent que le marché est saturé mais qu’ils ne doivent pas pour autant baisser les bras.

M. Philippe Leruth, journaliste et vice-président de la Fédération européenne des journalistes. – Je retiens de cette journée deux ou trois choses : on ne peut pas réduire les médias aux journalistes ni réduire la formation à la citoyenneté à l’éducation aux médias. Ceux-ci englobent bien davantage que l’information. On a souligné à plusieurs reprises le rôle de la fiction dans la représentation que l’on se fait du monde. On a également évoqué les nouveaux médias.

Lors de la séance de mardi dernier, Rik Van Cauwelaert avait déclaré : « Vous n’imaginez pas le nombre de sujets qui sont abordés dans des carrefours de discussion sur internet et dont les médias traditionnels ne parlent jamais ».

Lors de la toute première séance, Jos Bouveroux, rédacteur en chef à la VRT, déclarait : « Dans nos rédactions, nous n’avons plus assez de journalistes qui peuvent prendre le temps de rencontrer les gens sur le terrain afin de s’informer de leurs sources de préoccupations ». La boucle est bouclée. Peut-être les journalistes et les médias perdent-ils le contact avec toute une frange du public, ce public qui nous préoccupe.

Nos confrères français ont fait cette réflexion lorsqu’ils ont appris avec surprise que Jean-Marie Le Pen serait opposé à Jacques Chirac au deuxième tour des élections présidentielles.

M. Philippe Coulée, coordinateur de l’opération « Journalistes en classe » pour l’association des journalistes professionnels – Je voudrais faire deux petites réflexions.

Tout d’abord, on parle beaucoup ici de « fonction des médias ». Je voudrais également évoquer la professionnalisation de ceux qui devraient faire passer ce type d’information très particulier. Il n’y a, dans les médias à l’heure actuelle, pratiquement personne qui soit capable de gérer ce type de sensibilisation, d’abord par manque de temps mais aussi par manque de formation.

Ensuite, il existe des fonds à tire-larigot. Une des avancées concrètes après les palabres du dernier orateur a été la possibilité de création d’un fonds spécifique.

Il existe très peu de structures centripètes permettant de gérer au mieux ces fonds disponibles. Ce qui me chagrine aujourd’hui, c’est par exemple l’absence totale du Conseil de l’éducation aux médias qui existe en Communauté française et qui devrait pouvoir gérer ce genre de moyens financiers.

Je crois qu’on ne peut structurellement avancer au-delà de ces débats si les rédactions ne disposent pas des personnes compétentes en leur sein, c’est-à-dire si on ne donne pas aux rédactions les moyens de « débaucher » des journalistes accrédités pour sensibiliser les jeunes aux médias, par les médias. Il convient aussi de leur donner des moyens financiers structurellement cadrés et non pas disséminés à droite et à gauche, sous une forme concurrentielle qui tue quelque peu la pertinence de l’utilisation de ces fonds.

Een deelnemer.- Ik ben geen doemdenker, maar uit het betoog van professor Carpentier heb ik onthouden dat de Golfoorlog de geschiedenis ingaat als een grove leugen. Ik vraag me af wat dat te betekenen heeft. Zelfs al waren er geen kernwapens in Irak, er was nog altijd de fear factor. Wat is er te verwachten van een man, van een gek, die geregeld ten aanzien van de publieke tribune de lader van een oorlogswapen leeg knalt en buurlanden binnenvalt. Degene die daartegen reageert, president Bush, wordt nu in een bepaalde pers als een massamoordenaar afgeschilderd. Ik vraag me af waar we mee bezig zijn.

De heer Carpentier. – Voor de duidelijkheid wil ik meedelen dat in de aanloop naar deze bijeenkomst voorbereidende vergaderingen werden gehouden. Zowel Yves Desmet, Jean-Jacques Jespers, Benoît Grevisse als ikzelf waren rapporteurs van de voorbereidende werkgroepen.

De opmerking over de problematiek van de financiering van heel wat initiatieven ligt me nauw aan het hart. Het Digital Solidarity Fund was één van de belangrijkste thema’s op de World Summit on the Information Society (WSIS), de VN-wereldtop over de informatiesamenleving. De discussie wordt dus zelfs op wereldvlak gevoerd. Daarnaast heeft de wereldassociatie van community broadcasters een community media fund in het leven geroepen. Ook in verschillende Europese landen bestaan er dergelijke fondsen. In Vlaanderen is er het FAF, het filmfonds, dat ook op een gestructureerde manier binnen een bepaalde sector middelen op een gecentraliseerde en verantwoorde manier probeert te verdelen.

Er zijn dus wel degelijk modellen beschikbaar om op een gecoördineerde en ondersteunende manier met die financiële middelen om te gaan. Ik kan alleen maar het belang ervan onderstrepen. Ik besef wel dat heel wat schitterende initiatieven vanuit de basis zijn gegroeid, maar ze missen de samenwerking en coördinatie en ze vragen teveel van de betrokkenen die, vaak op vrijwillige basis, de projecten moeten dragen,.

Een tweede punt is het belang van evaring en van opleiding. Heel wat van de modellen en voorbeelden die hier naar voren zijn gebracht en die trouwens vroeger al door andere mensen zijn verdedigd, zijn gedocumenteerd maar worden heel snel vergeten en met de liefdevolle mantel van de geschiedenis bedekt, om vervolgens in de vergetelheid te verdwijnen. Dat is een groot probleem, precies omdat we heel wat zouden kunnen leren van de participatieve projecten die in het verleden op het getouw zijn gezet. Ze kunnen ons namelijk helpen jongeren en toekomstige journalisten op te leiden in mediagebruik en hen een mediavorming mee te geven.

Ten slotte wil ik het belang van de nieuwe media onderstrepen. Ik heb gepleit voor een genuanceerde benadering van zowel de oude als de nieuwe media. Nochtans denk ik dat er vooral in de wereld van de nieuwe media heel interessante dingen gebeuren, waaruit nieuwe modellen van journalistiek kunnen voortkomen, die voor ons academici en voor de journalisten zelf van groot belang zijn. Sommigen vrezen zelfs dat de nieuwe media een parallel circuit zullen vormen dat de oude zal inkapselen en zelfs verdringen. Dat is niet mijn standpunt, maar het feit dat die angst bestaat zegt veel over het belang van de nieuwe media.

In reactie op de opmerking over de Golfoorlog zou ik me handig kunnen verschuilen achter het argument dat ik alleen maar één van de collega’s van het zevenkoppige koor heb geciteerd en dat ik zijn standpunt niet deel. Ik wil echter ook wel inhoudelijk reageren. Bij een groot deel van de bevolking, en trouwens ook bij academici, leeft de idee dat de journalistiek gefaald heeft. Ook veel journalisten zijn vandaag van mening dat ze tijdens de Golfoorlog in de fout zijn gegaan. Sommige zelfs zeer gezaghebbende kranten hebben zich bij hun lezers verontschuldigd dat ze foute informatie hebben gebracht. Zo heeft bijvoorbeeld The New York Times een publieke knieval gedaan. Vaak wordt dan, bijvoorbeeld door mensen als Chomsky die het hebben over gemanipuleerde media, gesproken van leugens. Ik maak die analyse niet en ik zou het woord leugens zelf dan ook niet gebruiken. Maar ik ga wel een stuk mee in de kritische reflectie; ik ben het er namelijk mee eens dat de media toen hebben gefaald.

De heer Staf Nimmegeers, medevoorzitter-moderator. – Het leek de Senaat een goed initiatief om vijf dinsdagen na elkaar te besteden aan het thema Media en burgerschap, zeg maar gewoon media en democratie.

Er is heel wat waardevols uit de bus gekomen, zoals u vandaag zelf hebt kunnen vaststellen. Bij het lezen van het verslagboek met alle referaten en betogen, dat wij u binnenkort ter beschikking stellen, zal dat nog duidelijker worden.

In de eerste plaats wilden wij mensen uit het vak, deskundigen en publiek samenbrengen om van gedachten te wisselen. Het was echter geen vrijblijvend initiatief van de Senaat, ook al ressorteren heel wat bevoegdheden inzake de media onder andere beleidsniveaus.

Ik heb als medevoorzitter veel moeten luisteren en weinig kunnen spreken. Dat was een zware beproeving voor mij, maar het is me opgevallen dat de strategie tegenover niet-democratische extreme strekkingen in onze maatschappij verschillend is in de twee landsgedeelten.

Bij het beluisteren van de Nederlandstaligen en van de Franstaligen over de manier waarop zij elk het nieuwe fascisme te lijf gaan, hebben we geleerd dat we verschillend zijn, maar hebben we elkaar ook beter leren kennen en begrijpen. Dat is al een hele stap vooruit in een periode waarin de taalgrens al te dikwijls een lijn van wederkerig onbegrip is geworden. Dat kan 25 jaar federalisme nooit hebben bedoeld.

Vooral het Nederlandse taalgebied heeft een hele achterstand te overwinnen inzake de aanwezigheid van mensen van allochtone afkomst in de media. Willen onze media democratisch functioneren, dan moeten ze niet alleen programma’s maken over, maar ook met allochtonen en die mensen inschakelen in het productieproces en zichtbaar maken, maar niet alleen wanneer er problemen rijzen.

De ver doorgedreven commercialisering van onze media maakt deel uit van een wereldwijde commercialisering en maakt het moeilijk aan kritische journalistiek te blijven doen, ondanks de goede bedoelingen en intenties van de meeste journalisten. De harde economische wet van de economie en van de verkoopcijfers gaat nu eenmaal voor op de hooggestemde verwachtingen en betrachtingen om vorming te verschaffen of diepgaande politieke analyses en standpunten te bieden bij alle verschijnselen in onze maatschappij.

Onze democratische plichten en verworvenheden, die we deze dagen met zoveel klank en kleur hebben verwoord, verdienen beter. Het wordt geen gemakkelijke strijd, maar we willen de strijd om een waardige, deontologische journalistiek met deze Hoge Vergadering blijven voeren.

Er moet worden nagedacht over een wettelijke bescherming om de autonomie van de redacties te vrijwaren. Er moet worden onderzocht hoe persconcentraties "à la Berlusconi" kunnen worden beheerst. De verdeling van de voetbalrechten met de daarbij horende astronomische cijfers en belangen, is een voorbeeld van een gegeven dat aan de greep van de democratie dreigt te ontsnappen.

We zijn ons ervan bewust dat de nieuwe media – e-mail, internet, sms – een belangrijke rol spelen in het onderwijs van vandaag. Wellicht zijn deze media tijdens hier te weinig aan bod gekomen. Het gebruik ervan staat in ons land nog in de kinderschoenen. We moeten ons buigen over een aangepaste wetgeving ter zake, niet enkel om een halt toe te roepen aan fenomenen zoals kinderpornografie, maar ook om strijd te leveren tegen de taalarmoede en de oppervlakkige bondigheid van de berichtgeving, die kranten overbodig schijnt te maken en de ware toedracht van de problemen verhult.

Ik zal deze cyclus in dit dubbele jubileumjaar pas als geslaagd beschouwen als we onze uiteindelijke bedoelingen gerealiseerd zien: een vernieuwde of gecorrigeerde aanpak door de mediaverantwoordelijken en een aangepaste wetgeving. Ik verwijs in dat verband naar de onlangs goedgekeurde wet ter bescherming van de bronnen van de journalist.

Uiteraard is dat alles onmogelijk zonder de hulp van mediadeskundigen en –wetenschappers, die ons in het kader van dit debat overigens heel wat inzichten hebben bijgebracht. Ik pleit daarom voor een nauwere en meer systematische samenwerking tussen mediaverantwoordelijken, mediadeskundigen en wetenschappers, zodat onderzoeksresultaten worden vertaald in een beter onderbouwd mediabeleid en de onderzoekscentra geen laboratoria worden die vervreemden van het dagelijkse mediagebeuren. Ik hoop dat deze dagen daartoe enigszins hebben bijgedragen.

Ik dank allen die hebben meegewerkt aan het welslagen van dit publiek debat.

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M. Philippe Mahoux, coprésident-modérateur. – Je vais tenter de tirer quelques enseignements de ce long travail qui nous a réunis.

Les décisions que nous serons amenés à prendre le seront aux différents niveaux de pouvoirs. C’est normal, c’est la conséquence de l’organisation des pouvoirs en Belgique. Les compétences sur des matières liées aux médias sont des compétences qui relèvent les unes des communautés et les autres de l’État fédéral. Nous aurons donc une action concertée, qui ne sera pas nécessairement identique dans le Sud ou le Nord du pays.

C’est une remarque importante : il faut prendre en considération les différences culturelles existant entre nos communautés même si, comme de nombreux intervenants, nous sommes davantage attachés à la notion d’une citoyenneté qui met en avant ce qui nous est commun dans nos différences qu’à une citoyenneté qui stigmatise la différence.

Quant au pluralisme des médias, un des enseignements du débat est qu’on ne peut pas affirmer que, dans notre pays, le pluralisme des médias est absent : il y a au contraire une multiplicité des titres de la presse écrite et de nombreuses chaînes de télévision et de radio. Cependant, ce n’est pas une condition suffisante pour que le contenu offert soit véritablement pluriel ou pluraliste.

La concentration des médias ne rime pas nécessairement avec entorse à la pluralité des opinions exprimées. On est bien obligé de constater qu’une certaine forme de concentration est nécessaire pour des raisons économiques. Dès lors le rôle du politique est de déterminer le niveau de concentration indispensable économiquement mais de poser aussi les limites de cette concentration, lesquelles éviteront une uniformisation des contenus et des opinions. C’est un défi politique majeur. Comment le relèverons-nous ? Par l’information, assurément. Les lecteurs, les téléspectateurs, les auditeurs doivent être informés, ils doivent savoir qui possède les moyens d’information. Les modifications dans l’actionnariat d’un titre de presse doivent être signalées au lecteur. C’est indispensable.

Il conviendrait peut-être aussi de prévoir une loi visant à limiter la concentration. Une telle loi existe en France par exemple.

Si l’on considère qu’un danger lié au statut des journalistes menace l’expression des opinions et la diversité culturelle dans notre pays, il faudra se pencher sur le statut des journalistes. En corollaire à la création ou à l’obligation de chartes rédactionnelles et de sociétés de rédaction, toute une série de moyens peuvent être envisagés. On peut se référer à des éléments de fiscalité. Tout cela est évidemment au conditionnel. Je m’exprime ici dans le cadre de nos compétences au niveau fédéral.

Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? Nous avons abordé le problème d’un point de vue politique, même si nous l’avons fait à travers les médias. Ce n’est évidemment pas la seule manière de voir les choses. En tout état de cause, notre législation énonce ce qui ne peut pas être dit. Certaines lois interdisent la discrimination, le racisme et le négationnisme. Des poursuites sont donc possibles sur le plan pénal.

Tout sujet peut-il être traité ? La réponse est probablement positive. Faut-il donner la parole à tout le monde ? C’est une autre manière de voir le problème. Le monde de la presse est concerné mais aussi les politiques.

Je note avec intérêt que personne n’a avancé que le multiculturalisme devait s’exprimer dans une démarche communautariste, c’est-à-dire en sectionnant l’audience en fonction du public culturellement concerné, même s’il peut y avoir des chaînes à destination de publics particuliers, avec toutefois une vision transversale de la société. Il convient plutôt de privilégier une représentation plus exacte de la réalité culturelle de notre pays dans l’ensemble des médias. Cette représentativité devait très souvent faire l’objet d’efforts de la part de la rédaction. La manière dont les rédactions étaient composées a longuement été évoquée. Il faut peut-être réfléchir à la possibilité d’améliorer la représentativité de notre société dans une série de professions, particulièrement aux niveaux des médias.

Nous avons beaucoup parlé des journalistes, mais il y a aussi tout ce qui ne relève pas directement de la responsabilité des journalistes et des rédactions. Je pense à la fiction et à toutes les émissions de divertissement. Il conviendrait aussi de s’interroger sur la représentation de notre société à travers ces programmes.

Enfin, lors de ces journées, nous avons pris conscience du fait que l’on commence à parler de médias traditionnels et de nouveaux médias. La technique va vite. La presse, les chaînes de télévision, les radios – y compris les radios libres – représentent maintenant les médias traditionnels. En effet, à côté de ces médias, on assiste à l’émergence, à travers la toile, de nouveaux médias beaucoup plus éclatés. Les statistiques montrent que les publics jeunes utilisent beaucoup plus ces nouveaux médias que les médias dits traditionnels. Cela ne signifie pas que la défense de la diversité et de la qualité de ceux-ci passe au second plan, mais bien qu’il faut s’intéresser à leur contenu, y compris sur le plan politique.

L’éducation aux médias doit intégrer une démarche critique par rapport à tout ce qui peut se trouver sur la toile, démarche critique qui doit être transversale et qui se retrouve finalement dans tous les secteurs de l’enseignement. Les enseignants et la plupart des étudiants sont d’accord sur ce point.

Le résumé de ces cinq séances qui a été fait aujourd’hui nous permet d’en appréhender la qualité, que nous devons à l’ensemble des intervenants.

Nous n’allons pas en rester là puisqu’il est question de poursuivre le travail en tirant des conclusions concrètes d’ordre professionnel ou légistique. L’idée était de s’interroger sur le point de savoir si les médias continuent à apporter une valeur ajoutée à la citoyenneté et à la démocratie. Nos travaux nous ont permis de répondre affirmativement à cette question, mais nous avons la responsabilité collective de prendre en compte toutes les menaces qui pèsent sur la possibilité d’apporter une valeur ajoutée à travers les médias, d’être vigilants dans la défense de la citoyenneté et de la démocratie.


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